Le président de la République l’a confirmé mercredi soir : les Français vont à nouveau être confinés. A priori, les conditions seront plus souples. Les écoles, collèges et lycées resteront ouverts et le travail pourra continuer. Mais cela risque tout de même d’être difficile à vivre pour beaucoup. Nicolas Franck est psychiatre et chef de pôle au centre hospitalier du Vinatier à Lyon. Il livre des conseils pour mieux appréhender cette situation.
Être enfermé a des conséquences directes sur la santé mentale de chacun. "L’être humain n’est fait ni pour vivre enfermé ni pour vivre isolé donc c’est une épreuve, un stress pour lui", explique Nicolas Franck. Dans son livre "Covid-19 et détresse psychologique", il prend l’exemple des détenus qui subissent l’enfermement. "Ce qui est subi est toujours plus délétère pour l’être humain", complète-t-il.
Souvent, c’est aussi le lieu où l’on est confiné qui affecte le quotidien. Durant le printemps, celles et ceux qui sont restés dans de petits appartements ont pu le vivre très mal. Et c’est le cas notamment pour les jeunes étudiants, souvent précaires, qui vivent loin du domicile familial. "Plus la surface de l’habitation est petite, moins bon est le bien-être mental", assure Nicolas Franck.
"Il faudra ne pas céder à l’isolement le plus radical", alerte le psychiatre qui appelle à la solidarité, encore plus particulièrement avec ceux qui vivent le confinement seuls.
Lors de son étude menée au confinement du printemps, Nicolas Franck a pu mesurer que "les activités sociales protégeaient". "Il faut garder des liens avec ses proches et s’inscrire dans des activités qui sont constructives", affirme-t-il.
Une autre variable est très importance pour la santé mentale : l’activité sportive. Pour "supporter l’adversité, elle est essentielle", explique Nicolas Franck, qui prend pour exemple dans son livre l’astronaute Thomas Pesquet "qui s’astreignait à deux heures de sport par jour à bord de la station spatiale internationale".
Les Français sont de plus en plus incités à télétravailler. Mais ceux qui n’en ont pas la possibilité pourront se rendre sur leur lieu de travail. C’est important selon Nicolas Frank. "Le milieu professionnel est un lieu de socialisation et l’activité professionnelle confère un sentiment d’utilité qui est protecteur", affirme-t-il. Il faut veiller toutefois à ne pas mélanger temps de travail et temps personnel.
Lorsqu’une personne de notre entourage est isolée, il faut se méfier qu’elle ne sombre pas dans la dépression sans qu’on le remarque. "Il faut dire aux parents d’être attentifs, de prendre des nouvelles et de dire aux enfants de revenir s’ils le souhaitent", explique Nicolas Franck.
"Le confinement c’est comme toute épreuve il faut la préparer", assure le psychiatre. "C’est comme la retraite, si on ne la prépare pas, on va d’abord se croire en vacances puis décliner. Il faut se préparer une tâche de confinement", conclut-il, conseillant de trouver une activité collaborative et constructive.
Nicolas Franck lance une deuxième étude pour ce nouveau confinement. Vous pouvez y participer via ce lien.
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