Radiation

"Mais en fait on est en présence de deux parfaits homonymes, même prononciation, même orthographe. D’un côté en effet la radiation des listes électorales, ce qui ne veut bien sûr pas dire que lesdites listes soient irradiées… et de l’autre, la dangereuse radiation émise par un corps radioactif… Radiation à suivre donc !

Ce sont deux homonymes de racines différentes. Si je dis cela c’est parce qu’il existe aussi des homonymes de même racine. Par exemple la grève le long de la mer ou de la rivière et la grève déclarée dans une entreprise, sont des homonymes de même origine. Au départ, les ouvriers se rassemblaient sur la grève longeant la Seine près de l’Hôtel de ville, pour chercher du travail ou pour n’en pas bouger et montrer alors leur mécontentement, ils faisaient alors la grève, comme on fait les boulevards.

Mais revenons à la radiation, la plus ancienne, attestée en 1378, consiste à rayer d’une liste quelqu’un. On a ici affaire à la raie, du gaulois, riga, le sillon et qui, passé en latin, a désigné la ligne droite tracée, et au XIIIe siècle rayer, c’est d’abord tracer des raies, ensuite au XVe ce fut tracer un trait sur un mot pour l’annuler. En fait c’est par contamination, qu’en latin médiéval on l’a assimilé à radiatio, l’émission de rayons, qui venait de radius, le rayon de roue puis lumineux.

Quoi qu’il en soit le fait d’être rayé d’une liste, ou d’être soumis aux rayons X, à part ceux maîtrisée dans une radioscopie, c’est très mauvais. En fait, c’est en 1814, que la radiation a désigné l’énergie émise par les ondes. Au départ, c’était seulement des rayons lumineux, et Victor Hugo évoque dans les Travailleurs de la mer, à propos des coquillages amoncelés sous la vague, les "ineffables radiations à travers lesquelles on entrevoyait un fouillis d’azur et de nacres … de toutes les nuances de l’eau". Voilà des radiations qu’on aime ! Vive les radiations des coquillages !"