Dimanche, on célébrera les 100 ans de l’armistice, l’occasion de rappeler l’importance d’éduquer à la paix. On a beaucoup débattu ces derniers jours autour des commémorations officielles. Seraient-elles trop « militaires » entre guillemets, faut-il célébrer la victoire française ou rendre hommage aux morts ? L’histoire, et particulièrement l’histoire militaire, est propice aux instrumentalisations, chacun s’improvisant historien pour ne retenir que ce qui l’arrange.
Le centenaire devrait être l’occasion de réfléchir au rapport entre la Nation et son armée. Les militaires engagés volontaires mourant aujourd’hui sur les fronts extérieurs sont-ils moins des victimes que les poilus de 14-18, enrôlés d’office ?
Pour citer la phrase célèbre de Paul Valéry : « La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui, eux, se connaissent mais ne se massacrent pas ». La grande guerre a fait plus de 18 millions de morts, civils et militaires. Le 11 novembre, comme tous les ans, une délégation de Scouts et Guides participeront aux cérémonies mémorielles sous l’arc de triomphe pour rendre hommage à tous les morts, de tous les camps, et se souvenir de ce sacrifice.
Le scoutisme en était encore à ses balbutiements lors de la guerre de 14-18. Baden-Powell, créateur du scoutisme et général, était déjà à la retraite lorsque la guerre a éclaté mais suite aux horreurs de celle-ci, il a considérablement renforcé la teinte pacifiste qu’il avait donnée au scoutisme. Lors du premier jamboree mondial, en 1920, il déclarait : « si nous pratiquons une indulgence réciproque et si nous sommes ouverts à l'échange avec les autres, la sympathie et l'harmonie s'installent naturellement parmi nous. Partons d'ici avec la ferme détermination de développer cet esprit de camaraderie, par l'esprit mondial de la fraternité scoute, de façon à pouvoir contribuer au développement de la paix et du bonheur dans le monde et de la bonne volonté entre les hommes. »
C’est dans cet esprit que le scoutisme continue à s’engager. La République Centrafricaine par exemple est toujours en situation de guerre civile. Et dans un certain nombre de régions du pays, là où il n’y ni force gouvernementale, ni organisation internationale, ni infrastructure de communication… dans les zones où même les casques bleus ne se rendent pas, il y a les scouts ! Présents dans les 16 provinces du pays, ils sont plus nombreux que les casques bleus … et que n’importe quel groupe armé ! Participer aux activités scoutes permet aux jeunes de ne pas être recrutés par les groupes armés.
Les jeunes scouts, catholiques, musulmans, évangéliques, font de la médiation sur le terrain, assiste l’UNICEF dans les campagnes de vaccination et quand il y a eu des rumeurs d’une épidémie d’ebola, ce sont les scouts qui sont allés enquêter sur le terrain. Quand une communauté musulmane a été coincée dans une forêt dans l’est l’année dernière, ce sont les scouts qui ont négocié avec le groupe armé qui les tenait en otages. Quand le pape est venu en 2015, ce sont les scouts qui ont encadré les foules après son arrivée à l’aéroport. Un programme financé en partie par le CCFD et les Scouts et Guides de France permet à 6000 jeunes d’organiser des sorties regroupant enfants chrétiens et musulmans. Nous aidons également au financement d’un centre national de formation. A Bangui, comme partout dans le monde, les scouts ne défendent pas leur communauté, leurs proches, leur pays, ils défendent la paix pour tous, et leur seule arme, c’est l’éducation.
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