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Précarité étudiante à Angers : "il y a des moments où je ne mange pas le midi"
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Précarité étudiante à Angers : "il y a des moments où je ne mange pas le midi"

Un article rédigé par Marion Bastit - RCF Anjou - RCF Anjou,  -  Modifié le 27 novembre 2019
Mardi 26 novembre, des étudiants angevins manifestaient contre la précarité. Trois d'entre eux témoignent de leurs fins de mois difficiles... "parfois dès le 5 du mois".
2019 RCF Anjou - Camille Guitter, Enzo Llorens et Camille Blin, étudiants à Angers, racontent leurs fins de mois difficiles. 2019 RCF Anjou - Camille Guitter, Enzo Llorens et Camille Blin, étudiants à Angers, racontent leurs fins de mois difficiles.

Des étudiants angevins se mobilisent contre la précarité qui touche bon nombre d’entre eux. Mardi 26 novembre, ils ont déployé des banderoles sur la promenade du Bout-du-Monde, près du château d’Angers, en fin d’après-midi.

L’Unef pointe notamment le problème du logement à Angers : d’après le syndicat, 3 000 étudiants n’avaient pas de toit à la rentrée. « Certains sont retournés chez leurs parents, d’autres dorment en caravane, chez des amis ou dans la rue », raconte Guewen Douesneau, le président de l’Unef à Angers.

Budgets grévés par les loyers

Pour ceux qui ont trouvé un toit, le loyer pèse lourd dans leur budget et les fins de mois sont parfois difficiles. Etudiante en deuxième année de psychologie, Camille Blin habite avec son compagnon. Ils partagent les 550 euros de loyer.

Elle touche 400 euros de bourse et 160 euros d’APL (aide personnalisée au logement), mais une fois payés le loyer, les charges, sa mutuelle et son téléphone, « il me reste environ 200 euros pour vivre », calcule-t-elle.

"Impossible d'acheter des fruits et légumes"

« Très rapidement, au milieu du mois, il ne me reste déjà plus que 30 euros sur mon compte, parfois même 10 euros, raconte Camille Blin. Du coup, je ne peux pas acheter de nourriture de bonne qualité. »

« Une fois, on a essayé de faire le marché, mais les prix ne collaient pas à notre budget. Donc on est obligés d’aller au supermarché acheter des pâtes, des pommes de terre et des conserves. On ne peut jamais acheter des fruits ou des légumes pour faire à manger plus sainement. »

Cela affecte aussi sa vie sociale. « Je suis parfois obligée de m’interdire de sortir avec mes amis le soir ou le week-end, confie-t-elle. Et je ne peux pas payer les transports en commun, donc je me déplace à vélo à Angers. »

Pourtant, Camille Blin ne veut pas travailler à côté. « Je ne peux pas me le permettre, car l’échec scolaire à l’université est souvent dû au fait que les étudiants travaillent à côté. Moi j’ai vraiment envie de me concentrer sur mes études pour réussir et avoir un diplôme. »

"La fin du mois arrive dès le 5"

Etudiant en première année de géographie, Enzo Llorens a travaillé l’année dernière et tout l’été pour mettre de l’argent de côté. Et heureusement, car ses 400 euros de bourse et d’APL ne suffisent même pas à payer son loyer de 480 euros.

« C’est stressant de savoir qu’on n’a déjà plus beaucoup d’argent pour finir le mois, alors qu’on n’est que le 5 », confie-t-il. Pour payer sa nourriture, ses tickets de bus, son forfait de téléphone ou ses photocopies, il doit puiser chaque mois dans ses économies, qui fondent à vue d’œil.

« Je me retrouve à faire des sacrifices dès le mois de décembre,

raconte Enzo Llorens, comme ne pas pouvoir retourner voir ma famille (qui habite près de Nice) pendant les vacances, ou ne pas pouvoir manger comme je veux, parce que quand on va au Secours populaire ou aux Restos du Cœur, on n’a pas vraiment le choix. »

"Pas le droit de redoubler"

« J’avais pour projet de passer mon permis, mais je ne pourrai pas le faire avec mes économies, se lamente-t-il, alors que ça fait super longtemps que j’en fais. C’est difficile de se dire "est-ce que je vais tenir jusqu’à la fin des partiels en mai, pour pouvoir travailler à nouveau, renflouer un peu les caisses et continuer une année comme ça ?" »

« Ce qui est clair, c’est que je n’ai pas le droit de redoubler, parce que je n’aurai jamais les moyens de me payer une deuxième première année. » Enzo Llorens fait donc des petits boulots à droite à gauche pour une centaine d’euros par mois, mais il ne veut pas travailler plus afin de ne pas mettre en péril ses études.

"Pas toujours les moyens de manger le midi"

Etudiante en première année d’histoire, Camille Guitter est hébergée par des amis, « à cause de problèmes familiaux ». Pour vivre, elle n’a que les 100 euros de pension alimentaire que son père verse à sa mère chaque mois.

« Je n’ai pas accès aux bourses, tout simplement parce que mon dossier n’est pas encore traité, explique-t-elle. Ils sont encore en train de traiter les dossiers de juillet, alors qu’on est quasiment en décembre, donc c’est un peu galère. »

« Il y a des moments où je ne peux pas me payer certaines choses, il y a des moments où je ne peux pas manger le midi,

raconte Camille Guitter. Je cherche du travail depuis septembre mais souvent, il faut de l’expérience, sauf que je sors du lycée donc je n’en ai pas forcément, du coup c’est compliqué. »
 
Pour réduire la précarité étudiante à Angers, l'Unef réclame plus de places en Cité universitaire, mais également une baisse du prix des transports en commun et davantage de bus pour desservir le campus de Belle-Beille. « Il faut parfois laisser passer cinq ou ssix bus avant de pouvoir monter dedans car ils sont pleins, raconte Guewen Douesneau. Du coup, les étudiants viennent en voiture mais les parkings sont saturés. Résultat : ils prennent des amendes de stationnement, ce qui grève encore leur budget ! » dénonce-t-il.

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