Pourquoi le film "The Two Popes" est peu convaincant

J’ai fauté chère Stéphanie, et c’est péché. J’ai regardé un film sur Netflix, je vous rassure avec des codes empruntés, et c’était pour voir le film The Two Popes. Je me passe habituellement de Netflix comme d’Amazon qui tuent les cinémas et les librairies. Pour la musique, j’avoue avoir un abonnement à Spotify, mais quand j’aime un artiste, j’essaie le plus possible d’acheter son disque.
Et donc j’ai vu le film, les deux papes. C’était censé nous expliquer comment cela se passe à Rome avec un pape et un pape émérite. Remarquez que la terminologie est problématique. Il n’y a pas de pape émérite. On est pape ou pas. Il y a en revanche un évêque émérite de Rome, qui est Benoît XVI et que j’aime beaucoup !
Justement. Quelle idée catastrophique chez le réalisateur, Fernando Meirelles, d’avoir confié à Anthony Hopkins le rôle de Benoît XVI ! Certes, il a de jolis cheveux blancs. Mais son regard est aussi dur et métallique que celui de Benoît XVI est doux et sensible. Le choix de celui qui fut Hannibal le Cannibale du Silence des Agneaux pour jouer Joseph Ratzinger pose un vrai problème d’authenticité du propos.
On songe au cinéaste Robert Bresson qui refusait de recourir à des acteurs professionnels pour éviter ce genre de télescopage qui rend un film nul et non avenu. Providentiellement, Jonathan Pryce en Bergoglio est très crédible. On avait déjà remarqué sa ressemblance avec le pape François dans Games of Thrones.
Tout cela est au service d’une logique binaire, absolument erronée : le gentil François contre le méchant Benoît. Vous voyez le niveau ! De fait, contre toute vérité historique, le réalisateur impute par exemple à Benoît XVI un aveuglement face aux atrocités commises par le père Maciel, fondateur des légionnaires du Christ et prédateur en série, alors que Joseph Ratzinger eut le premier le courage de s’attaquer au problème.
Le plus grave est que la réalisation de ce film est digne d’une série médiocre. La manière de filmer un confessionnal passe à côté de l’intimité de la démarche. Quant à la façon de montrer les prisonniers de la dictature argentine, dans un flash-back esthétisant, elle est complètement incongrue.
Alors, j’entends des catholiques se réjouir du fait qu’un film à large audience se penche sur notre Église. Sommes-nous tellement en attente de reconnaissance que nous cherchions désespérément l’adoubement d’un film médiocre sur une plateforme mondialement célèbre ? Je le crains.
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