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Pontificat

RCF,  -  Modifié le 13 mars 2018
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

Voici donc un anniversaire particulier : les cinq ans du pontificat du pape François. Et d’emblée, c’est ce mot, « pontificat » qui n’est pas sans manquer de charme avec la vague reconnaissance du mot « pont » dans pontificat. Eh bien radiographions ce dernier en commençant par rappeler que c’est en 1368 que le mot pontificat semble attesté pour la première fois en langue française avec pour sens la « dignité de pape », puis un peu plus tard au XVIe siècle en tant que « durée pendant laquelle un pape, un pontife, exerce son autorité ». Le mot est bien sûr emprunté au latin pontificatus, désignant donc d’abord la dignité de pontife.

En réalité, il faut remonter au mot même de pontife, ce dernier installé en langue française au début du XVIe, issu du latin pontifex qui signifiait « grand prêtre » dans la religion juive. C’est en 1294 qu’est attesté pour la première fois le mot pontifice, et donc pas encore pontife, pour désigner le pape, et c’est seulement au XVIe siècle qu’apparaît l’autre formule souvent utilisée, le souverain pontife, et en 1538 qu’est attesté le pontife.

Pour bien comprendre la signification imagée du mot pontife, il faut remonter à la notion de pont, enjambant un obstacle. Le pont, du latin pontis, a toujours représenté un passage sélectif, il correspond par exemple au pont étroit que passent les morts, en évitant de tomber en enfer, dans les tableaux du Jugement dernier. Symbole religieux par excellence, le pont est bien à l’origine du latin pontifex, pontife, qui veut tout simplement dire faiseur de pont, bâtisseur de ponts. L’écrivain latin Varron, affirme au premier siècle que l’institution des pontifes serait liée à l’origine à la construction du pont Sublicius, le plus ancien pont de Rome, toujours reconstruit en bois, assemblage ingénieux de poutres, pouvant être rapidement démonté. Ce pont était de fait à la charge du collège des pontifes romains, qui percevaient alors comme mauvais présage sa détérioration éventuelle au moment des inondations. On le rebâtissait immédiatement.

Le chef des pontifes est naturellement devenu le « souverain pontife », chargé en somme de jeter un pont vers l’au-delà. Cette idée du pontife, grand bâtisseur de pont, reste très belle. Quoi de plus beau en effet que d’établir le lien, de rassembler les rives, de « jeter » des ponts. Et c’est bien le merveilleux du mot que de ne pas se cacher, puisque les quatre premières lettres du pontificat, ou du pontife, restent bien le mot pont, à ne surtout pas oublier.

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