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Pollution dans l’Atlantique : deux fois plus de fibres de cellulose que de microplastiques

Pollution dans l’Atlantique : deux fois plus de fibres de cellulose que de microplastiques

Un article rédigé par Claire le Parc - RCF Côtes d'Armor, le 1 avril 2022  -  Modifié le 4 avril 2022

En 2020, lors du dernier Vendée Globe, le skipper Fabrice Amédéo, embarquait un capteur de microplastiques sur son Imoca Nexans – Art & Fenêtres. Objectif : effectuer des prélèvements en mer. Les équipes de recherche viennent de terminer l’analyse des premiers filtres. Ils livrent des constats surprenants.

Le skipper Fabrice Amédéo qui a prélevé de nombreux échantillons en Atlantique. © Jean-Marie LIOT Le skipper Fabrice Amédéo qui a prélevé de nombreux échantillons en Atlantique. © Jean-Marie LIOT

53 échantillons ont été collectés dans l’Atlantique par le skipper Fabrice Amédéo, lors du Vendée Globe 2020. Une étude de l’Ifremer, de l’Université de Bordeaux et de l’IRD, menée à partir de ces données collectées révèle deux grands constats. Le premier porte sur la concentration et sur la grande variété de forme, de taille, de couleur et de nature des particules et des fibres échantillonnées. Les scientifiques ont retrouvé deux fois plus de fibres de cellulose que de microplastiques. « Ces résultats confirment la contamination généralisée des eaux océaniques du larges par des particules anthropiques issues de la fragmentation de plastiques ou du lavage des vêtements »commente Catherine Dreanno, chercheur à l’Ifremer Brest, Lab. LDCM. L’analyse spectroscopique permet d’établir que les fragments de microplastiques étudiés sont principalement (à 45 %) du polyéthylène notamment utilisé dans les sacs plastiques et films alimentaires et du polyéthylène téréphtalate utilisé, par exemple, dans les bouteilles en plastique.

Pour les chercheurs, dans le cas des microplastiques comme dans celui des fibres de cellulose, se pose le problème des additifs utilisés par les industriels pour modifier les caractéristiques de ces matériaux : les colorer, les rendre plus résistants, rigides ou au contraire plus souples. « Lors du vieillissement du matériau, ces additifs finissent par être séparé du support que constitue pour eux la fibre de cellulose ou la particule de microplastique et par se dissoudre dans l'océan, ou être libéré dans le tube digestif des organismes si ces particules sont ingérées»précise Sophie Lecomte, directrice de recherche CNRS, Lab. CBMN.

 

Plus de microplastiques dans l’Atlantique Nord

 

Autre constat  : cette première étude des eaux de surface au large montre une véritable différence entre l’Atlantique Sud et l’Atlantique Nord. Un certain nombre d’échantillons collectés dans le Sud ne contiennent pas de microplastiques et de façon globale en contiennent moins que dans le Nord. Un résultat étonnant pour les scientifiques.

« Nous aurions dû en trouver puisque Fabrice Amedeo est passé dans le gyre subtropical de l’Atlantique Sud, une zone réputée pour en concentrer énormément, souligne Christophe Maes, chargé de recherche IRD, Lab. LOPS. Ce jeu de données unique questionne sur la dynamique interne du gyre.»

Des constats qui seront affinés par les prochaines analyses. Les prélèvements sur les filtres à 0,1 et 0,03 mm sont en cours d’étude ainsi que ceux de la dernière Transat Jacques Vabre entre le Havre et le Brésil. De nouvelles données permettront d’avoir une cartographie de la pollution microplastique de l’Atlantique Nord et d’affiner la différence de concentration entre le Sud et le Nord. Les navigations à venir devraient également permettre d’approfondir ces connaissances

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