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Philippe de Roux : "L'eau est un bien commun"

RCF,  - Modifié le 22 mars 2018
Philippe de Roux est le co-fondateur de l’ONG « Eau et Vie », qui facilite l’accès à l’eau potable dans les bidonvilles.
Philippe De RouxPhilippe De Roux

Jeudi 22 mars : c’est aujourd’hui la Journée Mondiale de l’Eau. Une denrée précieuse à laquelle toutes les populations n’ont pas simplement accès de par le monde. L’ONG dont Philippe de Roux est le co-fondateur, « Eau et Vie », assure l’accès à l’eau potable dans les bidonvilles de plusieurs pays : Philippines, Bangladesh, Côte d'Ivoire, et bientôt Bulgarie et France.

La croissance urbaine, le défi du 21e siècle

L’équipe d’Eau et Vie travaille en contexte urbain précaire. Si, aujourd’hui, 50% de la population mondiale vit en ville, en 2050, ce pourcentage atteindra 75%. Dans la ville de Dacca, au Bangladesh, 2 000 familles arrivent par jour de la campagne, soit 10 000 personnes.

Les disparités financières entre pays riches et pauvres expliquent la croissance des bidonvilles : si à Paris, ville de 2M d’habitants, le budget municipal par an et par tête se chiffre à 3 500 euros, à Ouagadougou, ville de population équivalente, ce montant n’atteint que 35 euros…

Un accès à l’eau précaire en bidonville

Dans un bidonville urbain, l’accès à l’eau est très précaire comme tous les services. « Plus vous êtes pauvre, plus vous payez cher pour un service de mauvaise qualité. Les gens accèdent à l’eau via des revendeurs illégaux, qui piratent le réseau en ouvrant les routes. Au quotidien, l’eau qui coûte entre 3 et 5 fois plus cher dans un bidonville que si vous êtes raccordé légalement », explique Philippe de Roux.

Le bidonville est pour lui un fait social incontournable. « C’est du travail non délocalisable, du commun à créer, une inclusion urbaine importante pour beaucoup de gens. » Au 19e à Paris, à Montmartre, se dressait un grand bidonville devenu un quartier qui fonctionne. « Il faut inclure les bidonvilles urbains au cœur des villes », insiste Philippe de Roux.

L’eau : un levier essentiel

Sans négliger pour autant les difficultés : au Bangladesh, les gens vivent dans des maisons de 10 m2 par famille, avec des problèmes de violence. « En faisant entrer l’eau, les services urbains, l’assainissement, on contribue à l’inclusion. Les maisons prennent un étage, les allées sont cimentées, l’éclairage arrive, la ville investit dans des installations de proximité, écoles, services de santé… » L’arrivée de l’eau concourt à la mise en place d’un cercle vertueux.

Comment, alors, parvient-on à donner accès à l’eau à  toutes les familles d’un bidonville ? « On discute avec les mairies, les opérateurs. Apporter l’eau à domicile implique qu’il n’y ait pas de projet de destruction du bidonville dans les années qui suivent, donc d’une certaine manière, on pérennise le bidonville. »

L’eau est alors moins chère qu’avant, elle est de qualité, elle est payée et facturée tous les jours par un collecteur. Les collecteurs sont des locaux qui viennent du bidonville, donc cela crée de l’emploi.

Eau et vie fait partie de la Coalition eau. Pour cet ensemble d’ONG, l’enjeu est de faire passer le message que « l’eau est un bien commun. Il ne faut pas raisonner en se disant que la facture d’eau permet de payer les investissements et l’assainissement. Il faut que les plus riches paient pour les plus pauvres, la clé réside dans le fait de convaincre les pouvoirs publics de la pertinence de cette question. » Une question, également, de salubrité, d’hygiène, de santé publique… Le service n’est pas gratuit, mais il est nécessaire de « mobiliser des capitaux sur un secteur d’avenir… »
 

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