"Laudato Si’", encore et toujours. Mardi dernier, le Saint Père a invité tous les fidèles à célébrer les cinq ans de la publication de son encyclique, consacrée au rapport de notre monde à l’écologie, et à Dieu. Le 16 mai prochain, une semaine spéciale sera par ailleurs consacrée à ce texte qui nous invite à revoir notre manière de percevoir le monde qui nous entoure.
Un texte qui nous rappelle l’urgence climatique, et la nécessité d’agir pour la sauvegarde de la planète. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Greta Thunberg, mercredi dernier, devant le Parlement européen, à l’occasion de la présentation de la loi Climat de l’Union européenne. "Je ne crois pas qu’il faille opposer deux générations. En revanche, elle dit que l’on n’écoute pas les sciences. Elle a raison de signaler qu’il y a un fossé entre ce que nous disent les scientifiques et ce que nous sommes capables de faire. Aucun de nous n’a la solution. Jamais l’humanité n’avait été aux prises avec un tel événement" explique Frédéric Louzeau, prêtre, théologien, directeur du pôle de recherche des Bernardins.
"Nous sommes devant une nouvelle figure de la Terre. Et nous ne sommes pas équipés intellectuellement, sensiblement. C’est un travail magnifique que nous avons à faire dans les années à venir. Et Greta signale une situation existentielle très nouvelle qui concerne tout le monde. Par ailleurs, elle a dit devant des responsables politiques qu’ils devraient avoir honte. Et je pense qu’elle a raison. Nous n’avons pas encore les émotions qui correspondent à l’état de la Terre. Nous devrions avoir honte, et nous n’avons pas honte" ajoute-t-il.
Pour ce dernier, il ne faut pas forcément faire reposer toute la responsabilité de l’action sur les politiques. "Ce que nous appelons inaction politique est la résultante d’un effroi, d’un vertige. Nous sommes en train d’essayer de passer dans un autre monde. Et l’impatience de la jeunesse et des militants écologistes se comprend bien. Mais dès que l’on entre dans des choses plus pratiques, cela devient beaucoup plus complexe" lance le père Frédéric Louzeau.
Il rappelle que depuis le pape Paul VI, il existe un enseignement, une doctrine de l’Église sur l’écologie et le rapport à la Terre. "Cela ne date pas du pape François. En revanche, il n’existait pas de document central. Le premier intérêt de "Laudato Si’", c’est d’avoir dans un seul document la totalité de ce que propose l’Église magistérielle. La seconde nouveauté, c’est le style poétique et prophétique qui n’était absolument pas le cas des papes précédents. La Terre crie et rejoint celui des pauvres" estime-t-il.
Un texte qui a permis de remettre les chrétiens et les catholiques dans les enjeux environnementaux. D’autant que pour le père Louzeau, il existe bien une écologique catholique. "Une des choses qui la distingue de l’écologique classique, on relie chez les catholiques assez profondément écologie environnementale et écologie sociale. Souci de la Terre et souci des pauvres" explique le directeur du pôle de recherche des Bernardins.
Une prise de conscience encore minoritaire chez les théologiens catholiques. "Pour l’instant, une grande majorité est restée à l’écart. Il y a une certaine condescendance de certains théologiens pour tous les textes du pape François. Dont « Laudato Si’ ». Pout l’instant, ils n’arrivent pas à voir en quoi il y a des enjeux proprement théologiques dans ces enjeux environnementaux et sociaux" conclut-il.
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