Parole à notre évêque - 7 janvier 2017 à 08:40
L'Epiphanie a été célébrée en France le dimanche 8 janvier. « C'est un bel événement qui ne se limite pas simplement à la galette des rois, même si c'est aussi la galette. L'Epiphanie est une fête d'Eglise. En France, elle est fêtée dimanche (8 janvier), dans certains pays, elle l'est toujours le 6 janvier. Je parle d'événement parce que la fête de Noël se prolonge par une ouverture un peu au monde. C'est cela l'Epiphanie. Dieu a le désir de se manifester à tous les hommes. Il y a beaucoup de dimensions dans la fête de l'Epiphanie. Je pense en particulier à l'étoile qui va chercher les mages. Ils ne sont pas venus là par hasard. Dieu est venu les chercher. En réfléchissant à cette fête, je me dis que, peut-être, l'étoile correspond à la mission de l'Eglise : dans un monde un peu de ténèbres, d'être ceux qui sont déjà lumière et qui permettent de s'orienter ».
« Comme la tradition nous le dit, les trois mages représentent le monde intellectuel, le monde scientifique, les savants. Tout savant qu'on est, on est ignorant si on ne connaît pas celui qui est la vérité. Que toute petite vérité cherche la grande vérité. Nous sommes tous des chercheurs. Cette mise en route des mages est donc intéressante : comment ont-ils été motivés au point de sortir de chez eux ? Je ne sais pas combien de temps a duré leur voyage... On dit qu'ils viennent d'Orient. Ils se sont mis en route bien avant la naissance de Jésus surtout qu'ils sont passés par Jérusalem. L'étoile, qui représente un peu le Seigneur, savait à quel moment allait arriver la naissance », explique l'évêque.
« Je pense que l'attitude intérieure qui convient, c'est la curiosité »
« C'est le passage aussi par les savants du livre, la connaissance même théologique, mais cela nous montre aussi que tous ces types de connaissance ne sont rien sans la rencontre avec le Dieu vivant. Et même quand les mages traversent Jérusalem, je crois que cela représente la traversée même par la raison, cela veut dire que la foi est intelligente. Moi, c'est ce que j'entends avec cette fête de l'Epiphanie. Et si les mages traversent Jérusalem, c'est comme la raison qui est traversée afin d'aller encore plus loin ou plus profond. Car c'est au niveau du cœur que se passe l'adoration et pas simplement au niveau de l'intelligence. Je crois que c'est très important aujourd'hui où on a tendance à penser que le mental, le psychologique est ce qui doit satisfaire l'homme. En fait, c'est vraiment bien une histoire de foi plus profonde que simplement la connaissance, qu'elle soit scientifique, intellectuelle ou même théologique. On peut faire de la théologie et ne pas être spirituel. Ce qui est un drame, je crois ».
« Je pense que l'attitude intérieure qui convient, c'est la curiosité, c'est une soif. C'est d'entendre le désir qui est en nous-mêmes, entendre même une insatisfaction. Il y a les savants et les chercheurs. A une époque, on parlait beaucoup des savants. Et on s'est rendu compte que c'était beaucoup des chercheurs. Cette différence entre savants et chercheurs est importante, ils étaient en insatisfaction. J'imagine que sur leurs chameaux, chemin faisant, les mages discutaient, pas seulement des étoiles, mais de toutes les réflexions peut-être même métaphysiques, de mathématiques pourquoi pas, c'est le dialogue aussi entre la science et la foi. Dieu existe-t-il ? On est en Orient. On voit donc bien l'actualité de cette fête qu'est l'Epiphanie. Ce n'est pas simplement une petite fête gentille avec de l'or, de la myrrhe et de l'encens. Même si je crois que le cadeau qu'ils font est important. C'est-à-dire qu'on n'arrive pas les mains vides devant Dieu. On apporte ce qu'on estime être le meilleur. Et, là, il y a toute la symbolique des cadeaux offerts. Je crois que c'est assez fort », souligne Mgr Gosselin.
Samedi 7 et dimanche 8 janvier, l'évêque s'est rendu dans le doyenné de Barbezieux pour une visite pastorale. « Je ne sais pas quelle est l'étoile qui est venue me chercher pour que j'aille sur place. Je suis déjà allé à Barbezieux, ce n'est donc pas une découverte. Mais je vais aller célébrer la messe à Brossac et à Barret que je ne connais pas encore. Il s'agit donc de découvrir, d'aller vers. Après cette année de présence, j'ai encore beaucoup à découvrir, mais je crois qu'il faut que j'arrête de dire que je suis un nouvel évêque. Maintenant, c'est terminé. Je vais faire ma dernière formation de nouvel évêque à Paris avec les nouveaux évêques français de l'année. Après je pense qu'il faudra dire que ce n'est plus le stade de la découverte, même s'il reste beaucoup de dimensions à découvrir. On est au stade où il faut assumer et prendre la place et la mesure de ce qu'il y a à vivre ici au coeur de ce peuple de Charente ».
« Comment on est ensemble pour vivre cette mission ecclésiale »
« De la même manière qu'à Noël, j'ai eu la joie d'aller à Brigueil et à Chabanais. Cette semaine, c'est Barbezieux et, la suivante, la paroisse de Ruffec m'accueillera. Mon objectif est d'essayer de plus en plus d'aller rencontrer dans le sens fort du terme. Il ne s'agit pas d'une visite simplement où l'on voit l'évêque. C'est l'évêque qui attend qu'on lui donne des informations sur ce qui est vécu. Par exemple, Barbezieux, c'est la rencontre avec une paroisse, un doyenné, et puis entendre les chrétiens sur ce qu'ils vivent et voir comment on est ensemble pour vivre cette mission ecclésiale », insiste l'évêque.
Le 10 janvier 2016, le diocèse se retrouvait autour de l'ordination épiscopale de Mgr Gosselin. « Je ne sais d'ailleurs pas si je dois fêter un an d'ordination le 10 janvier ou le jour du baptême du Christ qui est le dimanche d'après, ce qui est quand même pas mal. Mais je ne fais rien de spécial même si un an c'est important. Pour moi, c'est l'occasion peut-être de mesurer la tâche et ce que j'ai vécu depuis un an. Il y a l'étape de découverte qui, je crois, continue mais en même temps on n'en est plus simplement là notamment dans les relations avec les personnes. ».
« C'est l'occasion aussi de voir cette charge d'évêque. Il y a, en quelque sorte, une formation continue en dehors des formations que j'ai connues. Je me rends bien compte de la lourdeur de la tâche, pas dans le sens pesant, mais c'est une grosse responsabilité. De toute façon, le diocèse de Charente ne dépend pas seulement de son évêque, mais aussi des chrétiens. Cela ne m'empêche donc pas de dormir la nuit, je me dis que chacun doit prendre ses responsabilités. Moi, j'ai à travailler pour justement être ce qu'on attend un peu d'un évêque, c'est à dire être un berger et de montrer parfois des directions. Elles ne peuvent se déterminer que si on les étudie un peu ensemble. L'objectif est d'arriver à faire l'unité d'un diocèse au cœur même d'une Eglise de France dans une Eglise universelle. C'est quand même beaucoup », relève Mgr Gosselin.
« Maintenant, j'ai un peu mes marques. Pour les vœux le 14 janvier, je donnerai une lettre d'orientations, une sorte de point d'étape pour cibler ce qui est à venir et faire part de nos réflexions avec tous les conseils afin que tout le peuple de Dieu réagisse. Cette tradition permet la rencontre pour un départ d'année. Je serai appelé à présenter ces orientations et à parler d'un certain nombre de sujets. Je souhaite que nous puissions travailler ensemble et que nous prenions la fête de l'Epiphanie un peu en exemple. Nous avons des richesses qu'il nous faut savoir offrir à Dieu. Il y a une recherche de Dieu, il faut vraiment aller jusqu'au bout et ne pas s'arrêter en chemin. Il s'agit, là, aussi d'une mission d'évêque », conclut-il.
Erica Walter
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