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RCF "On demande aux ponts de résister à des vents de 300 km/h" explique l'ingénieur Etienne Combescure
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"On demande aux ponts de résister à des vents de 300 km/h" explique l'ingénieur Etienne Combescure

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF,  -  Modifié le 28 septembre 2018
​La catastrophe survenue à Gênes le 14 août dernier avec l’effondrement du pont Morandi a poussé les autorités françaises à vérifier l’état de ce type d’infrastructures sur l’Hexagone.
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Le bilan de l'état des ponts en France

Le bilan de cette étude a été communiqué par la ministre des Transports, Elisabeth Borne. A la lecture de ce bilan, on peut dresser le  constat suivant. Sur les 164 plus grands ponts que compte la France, 23 édifices doivent être réparés rapidement. Par ailleurs, deux doivent faire l’objet de rénovation urgente. L’idée est bien entendu de prévenir le drame qui s’est déroulé en Italie, en août dernier.

Il faut dire que le drame a marqué l’opinion internationale toute entière. Un pont qui s’effondre sous les yeux de plusieurs personnes, 43 morts. Un accident qui marque. Au point de faire réagir le gouvernement français. Dans le bilan communiqué par le ministère des Transports, on apprend également que sur les 164 ponts répertoriés, 42 ouvrages sont entretenus par l’Etat, et 122 par des sociétés autoroutières du pays.

On apprend également que sur tous ces ponts, un seul se trouve en catégorie 1, c’est-à-dire en bon état apparent. Les différentes catégories de classification servent à mesurer le degré d’urgence des réparations à mener, et ne sont pas révélatrices des risques de sécurité qui pèsent sur les édifices, a précisé la ministre, se voulant rassurante.
 

Des codes de construction de plus en plus exigeants

"Quand on construit un pont, le cahier des charges que l’on donne à l’ingénieur est qu’il ait une durée de vie de cent ans. On peut trouver ça un peu surprenant quand on regarde ce que faisaient nos amis les romains, qui se posaient moins de questions. Les matériaux évoluent assez peu avec le temps, et quand le pont passe l’épreuve de la construction, on peut imaginer qu’il va rester stable dans toute sa durée de vie" explique Etienne Combescure, ingénieur ouvrage d’art du bureau d’études SETEC TPI.

"Il y a trois grandes familles de ponts : les ponts en béton, les ponts en acier, et les ponts mixtes, une association d’acier et de béton. Ils ont chacun leurs vertus et leurs défauts. Le béton est un matériau qui résiste très peu à l’attraction. On va y mettre des armatures dedans, des câbles de précontrainte pour éviter les fissures. L’acier va rompre de manière différente, quand on va atteindre la limite élastique de l’acier. Et les ponts mixtes ont encore d’autres modes de rupture" ajoute…

Cet ingénieur précise que les codes de calcul de construction d’un pont sont des règlements, ils font office de loi. "Ces codes sont de plus en plus exigeants. On demande à un pont de résister à des séismes de période de retour de 1.000 ans ou à des vents cycloniques de 300 km/h. […] Quand l’ingénieur conçoit un pont, il est engagé sur une durée de dix ans du point de vue de la loi, mais il a conçu le pont pour une durée de 100 ans. Si le pont s’effondre au bout de quinze ans, on ne peut pas aller le chercher en responsabilité" rappelle Etienne Combescure.

Concernant enfin les 23 ponts mis en cause en France, l’ingénieur tient à rassurer. "Les ponts qui sont sur les grands réseaux autoroutiers sont gérés par des concessionnaires privés. Ils ont un budget qui leur permet de faire une surveillance régulière et sérieuse de ces ouvrages. Ils n’attendent pas qu’il y ait un problème pour engager des réparations" conclut Etienne Combescure. 
 

Etienne Combescure, ingénieur ouvrage d’art du bureau d’études SETEC TPI: 


 

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