Des sommets à Bruxelles prétendent apporter des réponses techniques à la pression migratoire. Le contexte les impose, mais l’ampleur du défi les dépasse. La crise ouverte à propos des migrants par Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, a eu, au moins, ce mérite. Remettre à l’agenda européen une question placée sous l’éteignoir par les bricolages imaginés dans les différents pays : la logique consistant à faire porter à ses voisins l’essentiel de la charge des migrations.
La manière brutale – fermeture des ports italiens à des naufragés de l’exil – dont le débat a été ouvert disqualifie pour longtemps celui qui l’a lancé. Mais elle fait peser sur tous ceux en quête de solutions humaines une lourde responsabilité. Pour éviter qu’en Europe s’érigent de nouveaux murs – une stratégie vaine tant qu’aucune des conditions nécessaires au développement du Sud n’est aujourd’hui remplie – il faut absolument trouver une réponse commune.
Il s’agit d’un crash test pour l’Europe, rien de moins : soit la réponse collective est à la hauteur du défi, soit l’Union en sort définitivement affaiblie. Cette solution «se construira uniquement sur la coopération entre les Etats membres de l'UE, que ce soit une coopération à 28 ou entre plusieurs Etats qui décident d'avancer ensemble», a expliqué dimanche à Bruxelles Emmanuel Macron en phase avec les déclarations de la chancelière allemande.
En urgence, une hypothèse avait été formulée. Installer des centres fermés sur les côtes européennes (et non pas hors d’Europe). Sortes d’« Ellis island » européens afin de choisir ceux qui ont droit à l’asile. Tous les autres seraient raccompagnés dans leur pays d’origine.
Cette réponse technique s’impose peut-être. Mais la question migratoire ne se résume pas aux demandes d’asile. C’est pourtant elle qui reste – à cause des écarts de développement et de l’ouverture du monde – le principal défi. Pas uniquement en Europe, mais dans le monde entier. Entre 2005 et 2017, le nombre des déplacés est passé de 20 millions à 70 millions (× 3,5). La nouvelle donne, c’est ça. Il faut la prendre en compte.
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