Le 21 décembre 1937, Walt Disneyprésentait Blanche-Neige au public américain et remporte peu de temps après le succès mondial qu'on lui connait. 80 ans plus tard, Michel Ocelot, le réalisateur français qui a relancé l'industrie de l'animation en France avec Kirikou en 1998 lui rend hommage, le temps d'un entretien.
On aurait aisément imaginé Michel Ocelot, conteur et rêveur, évoquant le souvenir ému de son premier visionnage du premier Disney. La réalité est autre. 'Je l’ai vu adulte et en professionnel. Je l’ai jugé un peu sévèrement car j'ai trouvé certaines scènes sadiques' , explique-t-il. Le réalisateur avoue tout de même avoir un faible pour la chanson Un jour mon prince viendra.
Il ne rejette pas pour autant le travail de Walt Disney. 'Je pense qu’au début, c'était un bon producteur. A chaque nouveau film, il essayait de faire mieux que le précédent. Après, il a changé de nature: il est devenu un grand capitaine d’industrie. Il ne m’a alors plus intéressé.'
Le meilleur Disney selon le créateur de Azur et Asmar? 'La Belle au Bois Dormant. Il y a une foule de petites idées adorables tout au long du film, même lorsque la méchante reine se tranforme en dragon. Et Walt Disney a réussi a rendre le prince beau, ce qui est plus difficile que pour une princesse.'
Michel Ocelot, fils spirituel de Disney? Si le réalisateur a bousculé le monde de l'animation française avec son Kirikou et la Sorcière, il atténue l'influence de l'entertaineur américain en allant chercher des contes et légendes du monde entier. 'Mon métier, c’est de raconter des histoires et de vous faire plaisir pendant 1h30 et après. Je l'aime énormément, se justifie-t-il, avant de prendre une comparaison viticole: Je veux que mon vin soit long en bouche.'
Autre point de rupture avec l'héritage Disney: le rapport à l'histoire. Michel Ocelot explique ainsi que 'le conte, tel que l’a traité Walt Disney, ne laisse pas de place aux questions. Or, j’aime poser des questions.' Un point commun avec son personnage de Kirikou dont le leitmotiv est de demander pourquoi la sorcière Karaba est méchante.
'Expliquer la méchanceté m’a toujours troublé depuis l’enfance. Kirikou est basé sur une horreur, qui est le viol collectif des petites filles, explique-t-il. C’est une chose dont il faut parler, car elle engendre une chaîne de méchanceté. Il faut casser la chaîne, en soignant les gens, en pardonnant.'
Son prochain film sortira en octobre 2018. Il racontera la découverte du Paris de la Belle-Epoque par une jeune kanak, dans des décors réalisés à partir de clichés de la capitale pris par Michel Ocelot lui-même.
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