La messe va-t-elle « rouvrir », et sortir du confinement ? Depuis la mi-mars, les catholiques, comme l’ensemble des croyants, sont privés de possibilité de rassemblement. Et les activités cultuelles ne font pas partie de celles que le gouvernement envisage de déconfiner immédiatement, après le 11â¯mai. De ce fait, les évêques sont montés au créneau vendredi pour demander que « la vie ecclésiale puisse retrouver son caractère pleinement communautaire à partir du 11â¯mai ». On ne voit pas pourquoi on pourrait aller dans une grande surface le week-end et pas se retrouver à l’église, en respectant les gestes barrières. Alors oui, il est bien que les évêques, au nom de tous les catholiques de France, puissent présenter un plan de déconfinement progressif et raisonnable au gouvernement. Sauf qu’il y a trois obstacles à une reprise rapide. D’abord, il ne faut pas oublier que l’une des causes de la propagation du virus à l’Est fut un rassemblement évangélique. Il aurait pu être tout aussi bien catholique: ce virus est extrêmement contagieux, et on comprend une certaine prudence avant de voir de nouveaux de grands rassemblements. Ensuite, il y a l’âge du capitaine : les catholiques qui vont à la messe peuvent être, ce n’est pas un scoop, assez âgés. Ce sont vraiment les plus vulnérables face à l’épidémie, sans parler des prêtres, dont la moyenne d’âge est élevée.
Mais le principal obstacle tient paradoxalement aux autres religions. Mardi dernier, lors de la réunion autour du président Macron de l’ensemble des responsables de culte, il n’y a eu que les catholiques qui ont fait cette demande. Les juifs ont plus l’habitude d’une religion domestique, et le président du consistoire, Joël Mergui, qui a eu lui-même le coronavirus, reste prudent. Les protestants et les musulmans n’ont pas fait cette demande. Et pour cause. Ils savent bien qu’il leur serait difficile de faire respecter les règles barrières partout. Pourquoi ? Parce que l’Église catholique, avec son système pyramidal et hiérarchique, qui place l’ensemble des paroisses sous l’autorité de l’évêque, a les moyens d’imposer, et surveiller des mesures dans les paroisses, et sanctionner les « mauvais élèves ». C’est moins vrai pour les protestants, notamment les évangéliques, qui sont regroupés en une fédération, mais sans autorité au-dessus, et surtout les musulmans, très divisés, et là encore, ne reconnaissant pas une seule autorité. Le président du CFCM, M.Moussaoui, sait bien qu’il n’a pas les moyens d’imposer quoi que ce soit, surtout pendant le Ramadan. Difficile d’autoriser les catholiques à ouvrir leurs églises, et pas les musulmans leurs mosquées… car l’égalité des religions devant la loi interdit qu’il y ait un traitement de faveur pour l’un d’entre eux. Jusqu’à la fin du Ramadan, toute réouverture sans condition des lieux pour le culte sera donc difficile à obtenir…
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