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"Machin", pour définir ce qu’on ne sait pas trop définir

"Machin", pour définir ce qu’on ne sait pas trop définir

 - Modifié le 25 octobre 2018
Chaque jour Jean Pruvost décrypte un mot en lien avec l'actualité, aujourd'hui en lien avec le Grand Invité du jour.
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 Le machin, voilà un mot entré en langue française au début du XIXe mais qui, en ayant fait l’objet d’une allusion du Général De Gaulle à propos de l’ONU, est du même coup entré dans les dictionnaires de citations. Il n’en reste pas moins que c’est un mot plaisant servant  justement à définir ce qu’on ne sait pas trop définir.

On le repère vers 1807, avec la même signification que le mot « machine », celui-ci étant souvent au reste peu précis, désignant pour le profane un ensemble de mécanismes, de raouages qu’on a du mal à comprendre. Machine vient en fait du latin machina, invention, issu du grec mêkhané, désignant quelque chose relevant d’une mécanique, mais aussi d’une invention. D’où la « machination », au sens d’invention compliquée et malhonnête pour nuire à quelqu’un ou quelque chose.

Le mot machin est en vérité né d’une sorte de masculin créé de toutes pièces au début du XIXe, attesté en 1807, pour désigner quelque chose dont on ne se rappelle pas le nom, ou bien qu’on ne sait pas clairement nommer. Par exemple, chez Balzac dans Les Paysans, en 1844 on peut lire ceci, à propos d’un vin cuit : « Qu’y a-t-il donc là dedans ? » Réponse : « Toutes sortes de choses : …d’abord des machins qui viennent des Indes ».

De fait, le mot machin a aussi désigné une œuvre, une institution, dont on parle avec ironie, et voici alors les machins diplomatiques, philosophiques, politiques. C’est dans ce sens que, le 10 septembre 1960 à Nantes, à propos du Congo, De Gaulle évoqua ce « machin qu’on appelle l’ONU ». De fait, traiter l’Assemblée générale des Nations Unies de machin, au moment où l’on discutait dans cette organisation des mesures de répression prises par la France contre les nationalistes algériens, donna évidemment un certain retentissement au mot. En fait le synonyme de ce mot est aussi bidule, d’origine inconnue, attestée en 1940, peut-être venu du nord, signifiant « boue ».

Pour tout dire, on patauge dans son étymologie… Mais il y a un mot en linguistique pour désigner ce type de mot, un pantonyme, le grec pan voulant dire tout, et donc n’importe quoi et onyme nom. Et se faire appeler Machin, et même Monsieur Machin-chouette, ou encore Trucmuche, ce n’est vraiment pas plaisant, nom d’un bidule !

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