Mac Do ou le triomphe des Tartuffes
Dimanche dernier (remarquez que le repos dominical ne concerne pas les managers de la célèbre entreprise de restauration rapide), McDonald’s a décidé de licencier son directeur général pour avoir entretenu une liaison avec un membre du personnel. L’intéressé a reconnu avoir commis une erreur de jugement en infraction avec le règlement et les valeurs de l’entreprise. On ne sait pas si l’heureux élu était un homme ou une femme, mais cette relation est considérée comme consentie. On n’est donc pas, semble-t-il, dans le cadre d’un abus de pouvoir.
Évitons toute méprise. Selon un adage bien connu mais que je n’oserais citer à cette chaste antenne, il est préférable de ne pas mêler le sexe et le travail. Mais enfin, quand il n’y a ni infraction à la loi ni confusion entre la vie privée et la vie professionnelle, on peut se demander en vertu de quoi l’employeur peut s’autoriser à émettre une telle sanction.
D’autant qu’en ce qui concerne McDonald, les histoires sentimentales de leurs dirigeants sont bien le moindre des problèmes éthiques posés par l’entreprise. Car McDonald c’est le roi de la malbouffe, avec des scandales sanitaires récurrents et la mondialisation d’un mode de consommation antiécologique : produits dont le transport fait exploser l’indice carbone, qui sont tirés d’un élevage et d’une culture industriels qui font frémir (regardez comment sont fabriqués les nuggets de poulet, c’est à devenir vegan) et qui sont emballés dans des barquettes plastiques jetables.
Mais McDonald c’est aussi le triomphe de l’impérialisme américain, notamment linguistique, de la pollution visuelle (quelle laideur que celle de ces façades !) et un modèle social déplorable qui a reçu un nom en anglais : le McJob est devenu le mot qui veut dire boulot difficile et mal payé. Sans parler de l’optimisation fiscale qui lèse notamment les États européens.
En licenciant son directeur général pour une raison si futile, McDonald veut sans doute nous faire croire à peu de frais que c’est une entreprise éthique. Un tel comportement de Tartuffe est un parfait mélange du puritanisme américain et du cynisme du capitalisme sauvage. Une raison de plus, s’il en était besoin, pour ne plus franchir la porte de cette enseigne. Et si à midi, chère Stéphanie, on se prenait une bonne entrecôte de l’Aubrac bien persillée avec des frites maison ?
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