Partager

Lumière et ombre

RCF,  - Modifié le 26 février 2020
L'information tombée sur Jean Vanier amène Marie Mullet à poser des questions sur les enjeux éducatifs qui en découlent

En Mai dernier je rendais hommage à Jean Vanier. Son décès nous permettait de mettre un peu plus en lumière quel grand homme nous considérions qu’il était. Oh combien il avait œuvré pour permettre aux personnes en situation de handicap, aux plus fragiles, d’être reconnus par une Vie qui pouvait les malmener. Je participais aux florilèges de paroles pour saluer son engagement auprès des plus petits. Une très belle part de lumière dans une vie d’Eglise bien assombrie par les scandales. Lumière qui me paraît bien terne depuis samedi.
 

On ne s’habituera jamais. Et nous ne devons pas nous habituer à découvrir de nouvelles affaires d’abus sexuels. On ne s’habituera jamais aux parts d’ombre qui se révèlent mois après mois y compris pour des personnalités admirées. Et nous ne devons pas nous habituer à chaque scandale qui voit le jour, dans le milieu du sport, à l’école, dans les associations de jeunesse ou dans l’Eglise. C’est difficile. C’est douloureux. Mais nous devons continuer.
 

Continuer en saluant l’immense courage qu’il a fallu à ces femmes, une nouvelle fois, pour nous dire l’indicible, l’impensable. Continuer en saluant l’immense travail de Vérité que l’Arche a entrepris affirmant la primauté de ses valeurs fondatrices sur l’image de la figure sacralisée de son fondateur, au prix d’un séisme et d’un bouleversement de ses mythes même si c’est après sa mort !
 

Cette sidérante nouvelle rejoint la trop longue liste de ces situations d’agressions sexuelles qui s’exercent dans tous les milieux. Parmi les questions qui nous sont posées en tant qu’éducateurs on trouve celles de l’emprise psychologique, la question du pouvoir, de l’abus de faiblesse et sûrement notre rapport à l’admiration et au besoin de nous trouver des modèles, des personnes qui nous inspirent. Cela nous pose la question de la relation éducative qui n’est pas juste le nom d’un atelier dans nos formation BAFA. C’est le socle d’une relation qui doit permettre aux jeunes de grandir. Pas de les détruire.

Si l’on connait les trois interdits de la relation éducative que sont 1- le refus de la fusion 2- le refus du mensonge 3-le refus de la violence, qu’en est-il de la capacité des personnes accompagnées à identifier que les choses dérapent ?

Comment donner par l’éducation suffisamment de sens critique et de conscience de l’altérité pour que quel que soit l’éclat, la brillance, la virtuosité du partenaire, du maître à penser, du directeur de conscience, de l’entraineur, du chef, comment faire en sorte que les jeunes se forgent une capacité de mise à distance et de vigilance ?

Il ne s’agit pas de jeter le doute sur la sincérité des rencontres qu’ils feront et qui leur sont utiles pour se construire, mais la question serait de les aider à se méfier des absolus, à être conscient de leur Liberté.

L’enjeu éducatif n’est-il pas dans la construction de ce rapport à ce qui éclaire nos vies, de la relation aux porteurs de lumière, de notre attrait pour la lumière ?
La bonne distance ne réside-t-elle pas tant en ce qu’elle doit nous éclairer plutôt que de nous éblouir ?

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don