Loi Immigration : les deux universités rennaises s'opposent au texte
À l'unisson, l'Université de Rennes et l'Université Rennes 2 montent au créneau après l'adoption, ce mardi, au Parlement, du projet de loi Immigration. Elles alertent sur les "lourdes conséquences" pour les étudiants étrangers si la loi entre en application.
"La loi s'attaque aux valeurs sur lesquelles se fonde l'université française : celles de l'universalisme de l'ouverture et de l'accueil, de la libre et féconde circulation des savoirs", explique le communiqué conjoint publié ce mercredi par l'Université de Rennes et l'Université Rennes 2.
La réponse du monde universitaire rennais ne s'est donc pas fait attendre au lendemain de l'adoption par le Sénat, puis par l'Assemblée nationale, du projet de loi Immigration issu de l'accord trouvé en commission mixte paritaire.
Pénaliser les étudiants étrangers d'origine modeste
Majoration généralisée des droits différenciés, contrôle réel et sérieux des études, autant de points qui choquent Vincent Gouëset, le président de l'Université Rennes 2.
Mais c'est l'instauration d'une caution de retour pour les étudiants étrangers qui ne passe pas : "une mesure problématique qui va pénaliser les étudiants d'origine modeste ou provenant de pays pauvres. Cette garantie financière demandée est un principe qui me heurte", explique le géographe.
Un frein à la réussite
Dans le collimateur également de Vincent Gouëset, il y a la remise en cause des aides au logement : "cela pourrait mettre, très concrètement, une partie de nos étudiants à la rue puisqu'ils en bénéficient aujourd'hui. Ce serait un frein à leur réussite dans le système universitaire français".
À l'Université de Rennes, qui regroupe plusieurs établissements d'enseignement supérieurs de la capitale bretonne, David Alis, le président, estime à 45 % le nombre de doctorants étrangers dans les laboratoires français. Une richesse d'après lui, pour permettre "la circulation des savoirs. Nous avons un devoir d'alerte, parce que c'est aussi l'université pour la société, pour le bien commun, pour la recherche et l'innovation, pour la formation de demain. Je souhaite que tous nos étudiants puissent travailler, s'insérer dans un monde en paix. Ces valeurs d'humanisme font partie de notre ADN".
Une perte d'attractivité pour l'université française?
Le président de l'université Rennes 2 pointe aussi ce qu'il considère comme une contradiction. Le gouvernement a mis en place en 2019, Bienvenue en France, une stratégie d'attractivité pour les étudiants internationaux. Elle fixait comme objectif d'accueillir un demi-million d’étudiants étrangers d’ici 2027. "Comment on peut rendre plus attractif un système universitaire en augmentant son coût? C'est une aberration ! On va dissuader ou faire obstacle à l'inscription des étudiants, venant en particulier des pays du Sud", lance Vincent Gouëset.
Aujourd'hui, il affirme une "ferme et vigoureuse" opposition à cette loi et espère qu'elle ne sera pas appliquée.
Le président de l'Université Bretagne Occidentale réagit également. Dans un communiqué, Pascal Olivard indique :
L'UBO accueille aujourd'hui plus de 2 500 étudiants internationaux pour lesquels elle n'applique pas de frais d'inscriptions différenciés. [...] L'instauration d'une caution de retour ou d'une majoration de droits d'inscription pour les étudiants extracommunautaires ne feront qu'accentuer la précarité financière de nos étudiants internationaux et entraver la stratégie et la dynamique d'accueil et de rayonnement international de nos universités. Je veux pouvoir rester fier de présider une université ouverte sur le monde, accueillante et attractive et ne peux donc que m'opposer farouchement à la promulgation de ce projet de loi.
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