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Logement

RCF,  -  Modifié le 30 janvier 2018
Alors que la Fondation Abbé Pierre a publié son dernier rapport sur le mal-logement en France, Jean Pruvost revient sur l'origine du mot logement.
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"Un travail, de quoi s’alimenter et un logement, c’est ce à quoi tout le monde devrait avoir droit ! Mais on peut aujourd’hui avoir un travail et de quoi s’alimenter et vraiment peiner à se loger, Entre aussi en ligne de compte la qualité du logement, parfois désastreuse d’où la formule récente du "mal logement". Ce qui nous pousse ce matin à examiner de plus près ce mot, le "logement", pas vraiment transparent.

L'éthymologie de ce mot ne se devine pas. Or, si aujourd’hui on peut parler d’un superbe logement ou d’un logement minable, à l’origine il n’y a pas de quoi se pavaner. Le mot "logement" est en fait construit sur le substantif loge, et non sur le verbe loger. En fait, la loge issu de lointaines langues germaniques, désignait à l’origine une feuille, un auvent ou encore une galerie à l’air libre. Pas de quoi pavoiser...

D’autant plus que le logement désignera d’abord le campement des troupes militaires. Il fallut en fait attendre le XVIIe pour qu’il acquière le sens moderne. On dit encore aujourd’hui avoir le gîte et le couvert, pour souligner le fait qu’on a de quoi dormir et manger. Mais existait aussi l’expression avoir le logement et la table.

"Il a sa nourriture et son logement chez le duc de Medina Celi", lit-on dans Gil Blas, et l’auteur, Lesage, esprit concret du XVIIIe, de rappeler l’essentiel, ainsi, "il ne fait point de dépense". La version moderne étant peut-être avec le chanteur  Renaud, "J’habite chez une copine". Nos premiers dictionnaires sont en réalité très révélateurs quand aux conditions de logement d’autrefois.

Chez Richelet, on bénéficie d’exemples qui font rêver : "Il a son logement au Louvre. On lui a donné par pitié un logement au collège Mazarin." Et l’auteur, d’ajouter benoîtement : "Je loge au Palais Royal". Un rêve…Et si on se situe au XIXe siècle, voilà ce qu’écrit en 1833 Lamartine à un ami parisien : "Cherchez-moi, je vous prie, un logement rue de Bourbon ou de l’Université", ou "dans une des rues qui vont de la rue Saint-Honoré aux Champs Élysées", en n’omettant pas une condition qui va de soi : avec "fenêtres sur jardin au midi" et "silence partout" !

A. Scholl signalait ainsi au XIXe que "les travaux de l’hôtel de Madame X", au passé libertin, avançaient bien, en ajoutant pour le moins perfidement : "L’essentiel est fait, on vient de poser le trottoir" ! Ce n’était pas gentil. On préférera donc le titre d’un article du Corbusier en 1938 : "Des canons, des munitions ? Merci ! Des logis…". Vite, pour les démunis."

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