Accueil
RCF Les mots de mai 68
Partager

Les mots de mai 68

RCF,  -  Modifié le 15 mai 2018
Jean Pruvost n'était pas soixante-huitard, mais bien de sa génération, et surtout aujourd'hui, grand collectionneur de mots. Il revient sur les expressions de mai 68.
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

Où étais-je en 1968 ? Eh bien en première année d’université, à la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand. Comme toute ma génération, j’avais les cheveux longs et j’aimais les Beatles. Et j’ai découvert une contestation que je ne ressentais pas, il y avait des piquets de grève tenus par une minorité d’étudiants très exaltés rêvant d’un grand soir et que je trouvais immatures. Je n’ai pas compris alors où était la démocratie. Mais comme il faisait très beau en mai 1968, eh bien je comptais fleurette avec ma petite amie, en lui mettant des fleurs dans les cheveux. Et quelques décennies plus tard, je constatais que les formules alors à la mode avaient fait souche en langue française. On va essayer de les rappeler et surtout d’en donner l’origine.

Parmi les plus connues, il y a « l’imagination au pouvoir », belle formule, ou encore « il est interdit d’interdire », « faites l’amour pas la guerre », et la plus connue « sous les pavés la plage ». Toutes ces formules ont une origine maintenant connue. Par exemple « sous les pavés la plage », correspond au fait que les manifestants découvraient avec étonnement que les pavés étaient posés directement sur la terre. Et le soir du 21 mai, un étudiant en médecine attablé au café La Chope, place de la Contrescarpe, avec un ami, le publicitaire Bernard Fritsch, alias Killian, lance une formule « il y a de l’herbe sous les pavés », en guise de slogan qu’il était en train de forger. Mais l’herbe pouvait laisser entendre la drogue, et Bernard Cousin qui avait lancé « sous les pavés la nature ! » suggéra « sous les pavés, la plage », avec une virgule pour équilibrer la phrase. Et cette formule reproduite sur les murs abondamment devint inoubliable.

« L’imagination au pouvoir » vient d’un entretien entre Sartre et Cohn-Bendit paru dans le Nouvel Observateur du 20 mai 1968, et c’est à Jean Yanne qu’on doit la formule « il est interdit d’interdire », formule reprise en graffiti et sur plusieurs affiches. Mai 68, à sa façon, a marqué la langue. C’est aussi l’époque où j’ai acheté une guitare, on chantait Joan Baez et, en fait, on pouvait ne pas se sentir pris par la politique, mais indéniablement il y avait un souffle de romantisme pour ma génération. Et il faisait si beau !

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don