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Les mains nourricières qui préservent les semences paysannes #JeudiPhoto

Un article rédigé par Stéphanie Gallet, Melchior Gormand - RCF, le 22 décembre 2022 - Modifié le 22 décembre 2022
Jeudi Photo - Agir pour le mondeLes mains nourricières qui préservent les semences paysannes #JeudiPhoto

Chaque jeudi, Stéphanie Gallet décrypte une photo sélectionnée par le CCFD-Terre solidaire. Direction l’ouest du Mali, dans la commune rurale de Bafoulabé.

© Samuel Pommeret / CCFD-Terre solidaire© Samuel Pommeret / CCFD-Terre solidaire

Une photo de mains


C’est un gros plan sur deux mains, et si on s’intéresse à l’angle de la prise de vue, le photographe se situe au-dessus et la photo est donc prise en plongée. Tout autour, c’est plutôt sombre avec des teintes bleu nuit, on y devine vaguement deux silhouettes, mais ce qui nous intéresse, ce sont ces deux mains au centre de la photo qui sont éclairées par un halo de lumière. Celle de gauche a une peau noire très sèche et on la sent marquée par l’âge et le travail, celle de droite nous montre sa paume, elle est plus petite, plus fine avec une peau lisse et semble appartenir à une personne beaucoup plus jeune.

 

Que font ces deux mains ?

 

Au creux de la main de droite, la plus petite, la moins fatiguée, il y a comme des petites perles d'un demi centimètre de diamètre. En fait, ce sont des graines assez grosses quand même, on est bien loin de la minuscule graine de sésame. Elles sont toutes blanches et leur pâleur renvoie la lumière et accentue cet effet de halo qui irradie la photo. 

 

Et la main gauche ?

 

Est-ce qu’elle prend quelques graines dans la main la plus jeune ou au contraire, est-ce qu’elle vient de déposer dans cette petite main qui est comme un nid ces précieuses graines ? La photo ne le dit pas. Sur cette photo, il s’agit de la main d’une jeune paysanne burundaise qui tend généreusement ses semences de haricots à celle d’un paysan malien qui s’en empare avec délicatesse. Ce don de semences, loin d’être un simple petit geste est celui qui nourrit l’humanité depuis l’invention de l’agriculture. Les semences paysannes ont toujours été conservées, multipliées, échangées ou vendues, par et entre les familles agricoles. 

 

Où sommes-nous ?


Nous sommes à l’ouest du Mali, dans la commune rurale de Bafoulabé, qui signifie « rencontre de deux fleuves » en bambara. Ici, les rivières Bafing et Bakoye se rejoignent pour former le fleuve Sénégal. En cette journée de décembre 2019, des organisations paysannes de la région des Grands Lacs sont venues se former aux semences paysannes auprès de leurs homologues du Mali. Elles y apprennent à les reconnaître, à les reproduire, à les conserver et à les protéger. 

 

Qui a pris cette photo ?

 

Il s’agit de Samuel Pommeret, chargé de mission au CCFD-Terre solidaire. Il était présent lors de cette journée qui permet à ces acteurs engagés d’unir leurs forces et d’échanger leurs savoirs et leurs expériences. Cette photographie témoigne de la solidarité des organisations paysannes. Mais surtout des efforts qu’elles emploient pour préserver ce système semencier traditionnel. En effet les semences paysannes sont plus résistantes à la sécheresse et à certains insectes et garantissent de meilleures qualités nutritives que les semences industrielles. Mais elles sont aujourd’hui menacées par la mainmise des multinationales et l’engagement des états pour privatiser le patrimoine semencier. Alors que la COP15 biodiversité vient de refermer ses portes à Montréal et à quelques jours de Noël, cette photo de semences paysannes est vraiment porteuse d’espérance.

 

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