Ce sont maintenant les jeunes, les ados qui sont dans la rue et qui manifestent contre l’inaction climatique.
Cette mobilisation des jeunes, je ne peux m’empêcher de la relier à ce témoignage entendu à Rome en juillet dernier lors des rencontres Laudato Si 18, de la part d’un jeune de l’association Don Bosco Alliance Verte en Inde. Il nous disait : en Asie, le sentiment qui domine vis-à-vis de l’avenir chez les jeunes, c’est l’inquiétude, à cause du réchauffement climatique et de la pollution de l’air et de l’eau. Nous voilà au même point en Occident. D’habitude les jeunes sont plutôt conquérants, optimistes, voire ont tendance à minimiser les dangers, et voilà que c’est la peur qui l’emporte, même dans des pays à forte croissance ou des pays riches où la technologie promet de tout résoudre. Et on peut difficilement leur donner tort.
Certains disent que ce n’est pas à eux d’agir, qu’ils feraient mieux d’aller en cours.
Il y a déjà dix ans est sorti un film sur la pollution qui s’appelait Nos enfants nous accuseront. Et bien voilà. Ils nous accusent. C’est désagréable. Nos générations, les plus de 35 ans, espéraient ne jamais avoir à rendre des comptes. On en appelait aux générations futures, mais virtuelles, c’était nous qui parlions à leur place, qui faisions la question et la réponse. Aujourd’hui Les générations futures nous regardent dans les yeux. Ils nous disent : pourquoi aller en cours, pourquoi vous obéir, pourquoi perpétuer votre système puisque vous dites aussi que tout va s’effondrer ? Que répondre, sinon qu’ils ont raison ? Depuis 40 ans les scientifiques nous alertent. On a beaucoup parlé, presque pas agi, on a dépensé beaucoup d’énergie pour repousser encore et encore à plus tard les changements radicaux nécessaires. Leur grève, c’est le refus de faire comme nous, parce qu’eux n’auront pas le choix, et aussi une ultime tentative de nous faire prendre nos responsabilités, de ne pas les laisser, seuls, régler la facture. C’est là que se déploie leur vitalité, leur espérance de jeunes : prendre leurs responsabilités pour qu’on prenne les nôtres, qu’on agisse en adultes. Ils ne sombrent pas dans le désespoir. Mais c’est bien à nous d’agir.
Est-ce que ce mouvement peut changer quelque chose ou est-ce que ce sera juste une vague passagère de plus ?
On ne sait plus ce qu’il faut pour que le monde réagisse. Je crains fort qu’on ne les prenne de haut, qu’on les traite de naïfs qui ne comprennent rien à l’économie etc, qu’on ait la tentation de pas s’en laisser conter par des gamins. Ou alors qu’on les manipule en les bernant avec le greenwashing habituel. Il faut qu’on sorte de notre bulle. Leur premier message, c’est qu’on doit avoir honte de notre cynisme. Mais le second, c’est que tout n’est pas perdu.
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