"Les Estivants" ’est le 4ème long métrage que Valeria Bruni Tedeschi réalise pour le cinéma. Et on y retrouve dans la même fantaisie que dans ses premiers films. Elle y met à nouveau en scène sa propre vie, ses doutes et ses interrogations, dans ce qu’on appellerait en littérature, une "auto-fiction". Ici, le personnage qu’elle incarne, Louise, arrive avec sa fille, pour quelques jours de vacances dans leur magnifique villa familiale. Son compagnon Luca vient de la quitter et elle le cache à sa famille, tout en continuant à espérer qu’il revienne.
Dans ce film elle aborde la question des rapports de classes sociales mais ça n'en fait pas un film politique. Elle s’amuse plutôt à dépeindre la grande bourgeoisie - dont elle-même est issue-, comme des gens futiles, coupés du monde, insensibles aux autres… et notamment à leurs employés de maison. Mais qu’elle n’épargne pas non plus ! En fait, ils ont tous en commun une forme de désenchantement.
Mais comme réalisatrice, elle leur porte à chacun une attention particulière et en fait un film choral ambitieux de 21 personnages, avec pour les incarner Pierre Arditi, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau... Mais aussi sa mère et sa fille qui jouent leur propre rôle. Et on peut aussi s’amuser à retrouver quelques célébrités de son entourage dans certains personnages !
Mais ce qui intéresse Valeria Bruni Tedeschi, c’est plutôt de sonder la complexité des sentiments. Que ce soit comme actrice ou comme réalisatrice, elle aime mélanger le comique et le tragique de l’existence. Chez elle, il y a toujours à la fois un peu de folie, du burlesque et du drame, dans sa façon de bouger, de parler. Elle laisse aussi une large place à l'imaginaire, et elle s’en sert comme échappatoire et pour faire de ses films des œuvres optimistes, ce qu’elle est malgré tout.
Dans "Les Estivants", Louise travaille à l’écriture d’un scénario. Et dans cette mise en abyme, de film dans le film, la réalisatrice brouille sans cesse les frontières entre le réel et l’imaginaire. Jusqu’à une très belle scène finale, où les deux se rejoignent, au milieu de la brume. J’y ai vu une filiation avec Fellini, qui terminait son film "Et Vogue le navire", par un bouleversant traveling arrière, où la scène devenait tout d’un coup un simple plateau de tournage, mais gardait toute sa magie quand même.
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