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Les chrétiens et l'ordre politique

RCF,  - Modifié le 30 juin 2021
Jeudi dernier, le philosophe politique, et catholique, Pierre Manent était l’invité des évêques de France au troisième jour de leur Assemblée plénière de printemps.
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L’Assemblée de printemps des évêques de France s’est achevée ce midi à Lourdes après quatre jours de travaux. Le philosophe Pierre Manent était à cette occasion l'invité des évêques. L’auteur en 2015 de "Situation de la France", chez Desclée de Brouwer, les a encouragés, dans un contexte social et politique très troublé, à "faire entendre une voix qui marque un souci spécifique du destin de la communauté nationale".

 

"Socialement, l'Eglise a été repoussée dans les marges"

"L’Eglise ne va pas être au cœur de la réflexion nationale mais je crois qu’elle doit venir au centre de la réflexion politique. Socialement, l’Eglise a été repoussée dans les marges. C’est un fait. L’Eglise fait face à cette situation comme elle le peut. Mais elle doit politiquement accepter de venir au centre, pas au centre de l’échiquier politique, mais en faisant entendre une voix la plus impartiale possible et qui marque un souci spécifique du destin de la communauté nationale, dont l’Eglise se sent responsable" explique Pierre Manent.

Pour le philosophe, "il y a aujourd’hui un mouvement de balancier. Durant la longue période postconciliaire, l’Eglise a voulu participer à la vie du monde, être le levain dans la pâte, devenir invisible mais en même temps présente. Aujourd’hui ce mouvement va dans le sens opposé. Ce mouvement a connu de grandes déceptions. Au fond ce monde dont on espérait de nouvelles socialisations ne s’est pas resocialisé. Les espérances collectives ont été déçues et le monde n’est plus que la virulence des droits individuels. Il y a donc eu une tentation identitariste des catholiques. Ce n’est pas une bonne démarche".

 

"La nation française est désemparée"

Deux ans après la publication de "Situation de la France", Pierre Manent estime que la nation française est totalement désemparée. "A cette opposition traditionnelle droite-gauche, de plus en plus fragile, est en train de se superposer une autre opposition, celle du mouvement d’abandon au flux du monde et du mouvement d’isolation. Tant que le dispositif politique n’est pas adapté à la nouvelle situation, on reste dans une grande perplexité. Ce dispositif ne peut pas répondre adéquatement à la nouvelle situation" précise le philosophe.

Dans ce contexte, Pierre Manent estime qu’il importe "que les musulmans aient envie de vivre en France, qu’ils éprouvent une certaine identification à la nation française comme communauté d’appartenance. C’est très difficile car l’islam est une religion et une forme de société extrêmement prégnante. Être musulman suffit d’une certaine manière. C’est là que je suggère des mesures d’encouragement et de commandement politique. Ne pas les traquer, ne pas voir une mise en danger de la République dans la moindre manifestation de la religion musulmane. D’autre part, il est très important qu’ils prennent leur indépendance par rapport à ces pays du monde arabo-musulman. Ils ne peuvent plus être entre deux pays."

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