L'effet Batman
Connaissez-vous l’effet Batman ? C’est le fait qu’un enfant déguisé en super-héros réussit mieux ses devoirs ! Cela semble loufoque dit comme ça, mais pas du tout.
C’est une expérience qui a été menée en 2016 avec 180 enfants de 4 à 6 ans. Ils avaient un exercice informatique à réaliser en 10 minutes et ils avaient en même temps la possibilité de jouer sur une tablette électronique. Les enfants étaient répartis en trois groupes. Dans le premier, chaque minute, les enfants entendaient cette question « est-ce que je travaille dur ? ». Dans le second, même question mais à la troisième personne : « est-ce que Charlotte ou Archibald travaille dur ? ». Et dans le dernier groupe, les enfants avaient à leur disposition des costumes de Batman, de princesse de dessin animé ou de personnages divers, chaque minute la question était : « est-ce que Dora l’exploratrice ou Batman travaille dur ? »
Et on a pu noter une vraie différence. Les enfants du troisième groupe, ceux qui pouvaient se déguiser en super-héros, ont passé près de deux fois plus de temps à travailler que les enfants du premier groupe ! Ceux du deuxième groupe étaient entre les deux. C’est l’effet de distanciation. En réfléchissant à la tâche comme s’ils étaient dans la peau de quelqu’un d’autre, les enfants ont moins tendance à céder à la tentation immédiate. Et si ce quelqu’un d’autre est un ou une héroïne, alors c’est encore mieux, parce qu’ils se sentent portés. Les enfants veulent imiter ces héros et s’en sentent capables. Quand vous jouez aux explorateurs avec des enfants, ils ne font pas semblant. Ils SONT vraiment des explorateurs, ou des cosmonautes, des indiens, des docteurs… Bref, pour apprendre, comme toujours il faut jouer. Et en particulier des jeux de rôles.
Et dans le scoutisme, nous connaissons bien ce phénomène. C’est ce que nous appelons « le cadre symbolique ». Baden-Powell écrivait : « Par le terme « scoutisme », j’entends le travail et les qualités des hommes des bois, des éclaireurs, des chasseurs et des marins, des aviateurs, des pionniers et des hommes des frontières » A quoi bon marcher, à quoi bon monter la tente, à quoi bon apprendre à construire sa table quand on pourrait acheter une table en plastique ? Tout simplement parce que l’enfant n’est plus n’importe qui, mais parce qu’il est scout ou guide. Parce qu’il est désormais membre de ce grand peuple des aventuriers vivant en liberté. Et en se projetant dans ce symbole, dans cet imaginaire, alors l’enfant se décentre et rentre dans une dynamique d’apprentissage. Apprendre les règles de l’organisation collective, c’est plus simple, plus joyeux et donc plus efficace quand on est un petit loup.
En jouant à être quelqu’un d’autre, l’enfant oublie ses propres craintes, oublie qu’il ne sait pas encore. Un enfant a peur de dormir dehors, pas un louveteau. Un adolescent peut se décourager devant un chantier ou une grande traversée, pas un pionnier ni une caravelle.
Tout cela rejoint une autre grande conviction du scoutisme : faire confiance aux jeunes. C’est parce qu’on leur dit qu’on sait qu’ils peuvent y arriver, que, effectivement, ils y arrivent.
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