Faciliter le redoublement à l’école. Tel est le souhait de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, qui a présenté jeudi 14 décembre devant le Conseil supérieur de l’Education (CSE), un décret qui rétablit la possibilité de redoubler. Un véritable changement pédagogique, qui fait déjà beaucoup parler de lui.
Et pour cause. En novembre 2014, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale, avait pris un décret affirmant "le caractère exceptionnel" du redoublement. Depuis, le redoublement ne pouvait alors être décidé qu’à la demande des parents, et à la fin d’un cycle uniquement, donc réservé aux élèves des classes de CME, de 3ème, et de terminale.
Les professeurs et les syndicats sont divisés sur la question. L’entourage du ministère de l’Education nationale a tenu à les rassurer en précisant que le redoublement resterait une pratique rare, dans les faits. Mais pour Jean-Michel Blanquer, l’interdire est "absurde". La France reste néanmoins l’un ds pays au sein de l’OCDE où le redoublement est très pratiqué. En 2015, selon la dernière enquête PISA, 22 % des élèves avaient redoublé au mois une fois avant 15 ans.
Claude Halmos est psychanalyste. Elle a travaillé avec Françoise Dolto et est aujourd'hui l'une des spécialistes reconnues de l'enfance et de la maltraitance. Elle a d'ailleurs exercé pendant plusieurs années dans des consultations de pédopsychiatrie, auprès d'enfants abandonnés ou maltraités. Elle est l'auteur de "Savoir être" chez Pocket et elle vient de sortir son premier album jeunesse "Les aventures d'Uruburu" chez Albin Michel Jeunesse.
Pour cette spécialiste, cette question "met en cause toute la vision que l’on peut avoir de l’éducation et de la construction de l’enfant. Les gens qui s’opposent au redoublement s’appuient sur l’idée qu’il n’aide pas les élèves, et que cela les dévalorise à un moment où ils auraient besoin d’être encouragés".
Claude Halmos précise toutefois que le redoublement, vu d’une manière positive et encadrée, "est tout à fait possible". "Cela demande qu’on prenne les élèves en charge. C’est un outil. Mais il faut distinguer ce qui relève de l’être, et ce qui relève du faire. Ce n’est pas la personne qui est jugée à l’école, mais son travail" précise la psychanalyste.
Rétablir le redoublement demande enfin du travail supplémentaire, sur le plan pédagogique et sur le plan psychologique, explique enfin Claude Halmos. "Si l’on fait ça, alors le redoublement sera un outil efficace" conclut-elle.
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