Bonjour Père Matthieu ! alors j’ai cru comprendre que vous vouliez nous parler du souffle aujourd’hui. Allez j’ose le jeu de mot : Est-ce la météo ou bien l’arrivée du Vendée Globe qui vous a « soufflé » cette idée ?
je vois que vous êtes en forme David… eh bien figurez-vous que moi il m’arrive de manquer de souffle. Récemment (et comme trop souvent d’ailleurs…) j’étais en retard à une réunion avec d’autres prêtres. J’ai donc couru vers la maison où j’étais attendu. Et Comme la réunion se tenait à l’étage j’ai monté les escaliers quatre à quatre et je me suis installé alors que mes confrères avaient commencé la réunion à l’heure par la prière. J’ai voulu me joindre à leur chant mais j’étais trop essoufflé. Impossible pour moi de chanter. J’ai donc repris ma respiration et j’ai été à la fois amusé et bousculé d’entendre les paroles de leur chant comme si elles s’adressaient justement à moi à ce moment précis. Dans cette seconde où j’avais le souffle coupé par la course que je venais de faire, j’ai entendu mes amis qui chantaient : je cite et je n’invente pas : « Sois notre souffle, et nous pourrons Chanter ta gloire en vérité. »
c’est amusant cette coïncidence en effet, on pourrait dire que c’est un peu « un clin Dieu ». et vous comment vous avez accueilli cette coïncidence ?
Justement j’ai trouvé ça très éclairant sur nos vies, sur la vie de notre terre aussi. Vous voyez cette expérience est comme une parabole qui nous parle de notre finitude et du seul moyen que nous avons de la vivre : nous arrêter et reprendre notre souffle. Vous voyez ça nous arrive tous plus ou moins de rêver que nous pourrions chanter la vie toujours et partout sans retenue et sans fatigue… mais tôt ou tard nous devons constater que notre souffle est limité. c’est notre condition d’être humain et c’est la même chose pour notre terre aussi que nous sommes en train d’épuiser et qui a bien besoin de reprendre son souffle.
En vous écoutant, je me dis aussi qu’il n’y a pas que nos courses folles qui nous essoufflent. Par exemple les épreuves qui nous tombent dessus… elles ressemblent un peu à des coups de poing qui nous coupent le souffle.
C’est vrai dans tous les cas on risque l’asphyxie et le seul chemin pour survivre c’est de reprendre souffle. Ça m’a fait penser à la prière du mardi soir que les prêtres disent pendant l’office des complies : "quand le souffle en moi s’épuise, fais moi vivre du souffle de ton Esprit. C’est comme s’il y avait deux sortes de souffles… d’un côté notre souffle qui peut s’épuiser… et puis le souffle de l’Esprit saint qui est comme une source inépuisable qui permet de ne pas succomber mais de reprendre souffle.
Intéressant… mais alors avez-vous un truc pour accueillir davantage le souffle de l’Esprit dans nos vies ?
Pas sûr qu’il y ait un distributeur automatique. Jésus nous dit que la marque de l’Esprit de souffler où il veut et comme il veut… je crois que nous, nous sommes un peu comme la voile d’un bateau. Notre responsabilité c’est d’être bien orienté, disponible au souffle de l’Esprit pour que ce soit lui qui nous donne sa force pour avancer avec cette énergie propre et renouvelable à l’infini. Peut-être que le carême qui approche pourrait être une occasion de vérifier la voile de notre bateau et de l’orienter dans le bon sens… pour être plus vivants, chacun et ensemble !
Le Père Jean-Baptiste Edart est prêtre de la communauté de l'Emmanuel et recteur de la faculté de théologie de l'Université Catholique de l'Ouest et le Père Matthieu Lefrançois est prêtre du Diocèse d'Angers. Une semaine sur deux ils vous proposeront cette carte blanche depuis l'Anjou.
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