Le ministère de la Manipulation sociétale
Ce matin, je ne me voyais pas ajouter une couche aux commentaires apocalyptiques dont nous bassinent les médias depuis une semaine pour rappeler que oui, décidément oui, il neige en hiver ; que c’est tant mieux et qu’il s’agit même d’un phénomène naturel vital sous nos latitudes. Il me semble plus important d’évoquer la campagne de communication de 10 millions d’euros décidée par « France Bois Forêt » - l’interprofessionnelle nationale de la filière bois-forêt ; la FBF, pour les intimes - sur la période 2017 à 2019 pour relancer la consommation de bois français avec le slogan - que vous avez peut-être déjà vu ou entendu - « Pour moi, c’est le bois ».
Dans le principe, rien d’anormal à cela ; sauf que le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation - qui a aussi en charge la forêt - s’inquiète de l'acceptabilité sociétale des coupes d'arbres et des travaux forestiers. Il a donc confié au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux - l’une de ses instances, pour faire court - l’élaboration d’un plan de communication qui préconise toute une série d’actions destinées à nous faire accepter le fait qu’il faille couper des arbres.
Si vous ne voyez toujours pas ce qu’il y a d’anormal à cela, c’est parce que je ne vous ai pas encore lu cet extrait de la page 5 de ce plan. Accrochez-vous, c’est du lourd ! Je cite : « En mettant soudainement le secteur forêt-bois en lumière pour augmenter la consommation de bois en France, la campagne [de publicité de la FBF] risque de provoquer une contestation du public contre l'exploitation des forêts, suscitée, notamment, par des ONG hostiles. La question est d'autant plus préoccupante qu'un nouveau contexte fondé sur la découverte d'une sensibilité des végétaux est en train de s'installer. ».
En réalité, ce qu’anticipe ce plan de communication, c’est l’opposition des associations à l’industrialisation de l’exploitation forestière. Quant à « la sensibilité des végétaux », elle serait une gêne à cette industrialisation, comme le fut, en d’autres temps, l’âme des esclaves noirs pour le développement de la culture du coton.
La question que pose ce plan, c’est comment nous faire admettre la destruction de la forêt pour la remplacer par de la culture d’arbres. Ou, dans un autre domaine relevant du même ministère, comment parvenir à l’acceptabilité sociétale d’usines de 1 000 vaches.
Nul doute qu’aux yeux des auteurs de ce plan, me voilà devenu un chroniqueur hostile ! Pour autant, les choses seraient sans doute plus claires et sa communication enfin vraie si le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation était rebaptisé ministère de la Manipulation sociétale…
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