Le grand débat national, une chance pour revisiter la finance solidaire
Les iniquités sociales s’invitant avec force dans l’actualité, le Président de la République a suscité un grand débat national. L’objectif est de rechercher une participation plus directe à la vie politique et une atténuation de disparités insupportables.
Il serait judicieux que dans ce débat soit revisitée la finance solidaire pour lui donner la place qui devrait être la sienne.
L’argent facilite l’entraide immédiate mais il est un moyen et une chance de transformer la société ; la finance solidaire est un des leviers du changement.
Certes, la difficulté est qu’il ne change pas de main et que même il a une propension à rester dans les mêmes mains. L’année 2017 a connu un « boum » du nombre de milliardaires : un nouveau tous les deux jours. Est-ce le signe d’une économie prospère, s’interroge l’ONG Britannique Oxfam, non répond-elle, le symptôme de l’échec du système économique, du moins de sa répartition.
80% de la richesse mondiale est entre les mains du 1% des plus riches. L’argent circule mal, d’où cette iniquité, même si le nombre des plus pauvres a été divisé par deux entre 1990 et 2010 ; il décroît encore, mais plus lentement. En revanche, les revenus des salariés â au cours des 10 dernières années â ont augmenté en moyenne de 2% par an, alors que la fortune des milliardaires s’est accrue de 13 %, 6 fois plus !
L’urgence est celle d’une meilleure répartition. C’est là que la finance solidaire a un rôle à jouer pour bâtir des ponts entre ceux qui n’ont rien et ceux qui, ayant beaucoup, pressentent que cela ne peut pas durer.
La première force dans le monde, c’est l’habitude ; pour s’y opposer, il convient de se laisser habiter par un discernement aux fins de briser les servitudes.
Il est clair que la fonction de l’épargne, lorsqu’elle est autocentrée sur elle-même, suscite des fractures sociales béantes dont les plus riches se protègent par des murs. Il n’y a pas que Wall-Street, il y a aussi les paradis fiscaux et des fiscalités impropres auxquels sont assujettis les Gafa, l’acronyme désignant les 4 entreprises les plus puissantes du monde.
Le Gouvernement français s’inquiète de cette inégalité sans être suivi, comme on pourrait le souhaiter, par d’autres membres de la Communauté européenne, notamment l’Allemagne.
Les excès n’ont pas d’avenir, d’autant que la réflexion sur l’éthique progressant – réjouissons-nous – il apparaît nécessaire de trouver une plus grande régulation, telles par exemple les rémunérations : qu’est-ce qu’un salaire juste ?
La connaissance, condition d’un meilleur partage, suscite bien des interrogations : que devons-nous faire ; qu’est-il possible de changer. Là intervient comme réponse possible le développement de la finance solidaire, créatrice de sens, réunissant des acteurs qui ne veulent pas simplement gagner pour leur propre maison mais participer à la construction de la « maison commune » ; ils sont plus nombreux qu’on ne le croit.
Il est toujours possible de dénoncer les riches, mais ne serait-il pas plus réaliste de mieux faire connaître la finance solidaire qui, dans sa part de gratuité, prend en compte celle de la pauvreté.
Que représente la finance solidaire : 0,27% du patrimoine des français. Un passage à 5 % changerait la donne pour combattre les iniquités. Ce demain de l’économie doit être avancé à aujourd’hui.
La génération qui monte n’est pas matérialiste, elle veut créer du sens. Des chaires de l’économie sociale sont désormais existantes dans les Grandes Ecoles et Universités.
Une grande banque Swisslife et le Cabinet d’Ingénierie Cedrus viennent de mettre en place un fonds où 20 % des sommes collectées sont investies dans l’acquisition de logements mis gratuitement à disposition pendant 15 ans d’associations, le Samu Social et Habitat et Humanisme.
Une telle perspective n’était pas imaginable, il y a seulement 5 ans. Une économie â pas toute bien sûr â mais une forme d’entre elle, et pas des moindres, s’implique désormais dans le champ de la fraternité.
Habitat et Humanisme a créé deux Foncières qui, promouvant la finance solidaire, logent des familles qui n’auraient jamais pu envisager habiter les quartiers où elles résident. Quel bénéfice ? la disparition à terme des ghettos de pauvres. Il faut poursuivre.
Oui, la finance solidaire est un vecteur de transformation sociale, l’heure est d’y participer.
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