Depuis le référendum de juin 2016, on a beaucoup commenté les clivages que le Brexit généraient dans la société britannique. En 2016 les 18 - 24 ans avait massivement voté contre le Brexit, mais beaucoup s’était aussi abstenu. En 2018 et 2019 le royaume a vécu des manifestations pour réclamer un nouveau référendum. Cette revendication était portée par de nombreux jeunes ayant eu 18 ans après le vote de 2016. Et oui, 3 ans, c’est une éternité quand on est adolescent !
Acquérir la citoyenneté dans ce climat incertain est particulier et la jeunesse britannique montre des signes d’inquiétudes devant l’avenir. Mais les jeunes anglais ont de l’humour, je me souviens de cette anecdote d’un correspondant radio, des étudiants lui racontaient qu’ils mesuraient la longévité de leur couple au nombre de report du Brexit : “on en est au 3ème report, on tient le coup, nous !”.
La première question que les jeunes scolarisés se pose c’est celle du programme européen emblématique pour la jeunesse : Erasmus. En 2017, plus de 16 500 jeunes britanniques ont bénéficié d’un échange universitaire grâce à Erasmus et le pays a accueilli plus de 30 000 étudiantes et étudiants européens. Le 9 janvier le parlement a rejeté un amendement qui aurait obligé le gouvernement a négocié le maintien dans le programme. Cela ne veut pas dire que des négociations n’auront pas lieu par ailleurs, et cela sera probablement le cas.
Le Royaume-Uni a une tradition d’essaimage universitaire forte et plusieurs pays extra-communautaire bénéficient malgré tout d’Erasmus. Ainsi, sans présager des modalités, il y a de bonnes chances pour que les jeunes européens puissent continuer d’aller étudier dans les college et vice et versa.
Erasmus est un emblème, mais il cache d’autres programmes qui bénéficient à des jeunes qui ne vont pas à l’université. Le programme Erasmus+ et le corps européen de solidarité permettent à des jeunes de réaliser des projets européens dans les domaines de la jeunesse, des sports et de la solidarité. Ils sont un formidable levier d’éducation à la citoyenneté active et européenne. Ils créent des souvenirs inoubliables d’échanges, avec en plus le sentiment d’être utile à la construction communautaire. Actuellement les volontariats en cours sont financés et vont se dérouler normalement. La suite dépendra de négociations qui malheureusement ne seront pas la priorité de Boris Johnson dans les mois à venir.
L’Union Européenne a voté en 2009 une stratégie pour la jeunesse qui prévoit de structurer le dialogue avec les jeunes européens sur des thématiques. Emploi des jeunes, ruralité, inclusion sociale, cybersolidarité… Depuis 10 ans, chaque année, plusieurs milliers de jeunes par pays sont impliqués dans un programme de construction de propositions qui sont portées au conseil des ministres de l’union. En France, ce programme se décline dans les territoires et donne lieu au festival ProVox, qui a eu lieu le 24 janvier à Amiens. Les jeunes présents (dont des scouts et des guides) ont débattu et iront défendre leurs propositions pour les territoires ruraux au conseil des ministres de l’union en juin.
Ces programmes sont des opportunités de rencontres de l’autre, de rires, de joie et de souvenirs communs. Surtout ils permettent à des jeunes de participer à une aventure citoyenne qui les dépasse, de prendre en main leur avenir et celui du continent et de se former à un leadership qui dépasse les frontières. Au Royaume-Uni, les jeunes et les associations qui les soutiennent dans leur construction sont face au défi de faire vivre l’Europe sans l’union. Je suis heureuse de savoir que le scoutisme prend sa part dans cette étape, puisque nos organisations mondiales réuniront 20 000 jeunes de toute l’Europe dans un immense rassemblement en Pologne cet été.
Le thème ? “acteur de changement”. Tout un symbole !
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