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L'Allemagne face à la crise
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L'Allemagne face à la crise

RCF,  -  Modifié le 14 mai 2020
​Angela Merkel s’est prononcée mercredi en faveur d'une plus grande «intégration» de la zone euro, évoquant même la nécessité d'une «union politique».
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Cette prise de position de la chancelière allemande est très importante. Elle fait suite au jugement de la Cour constitutionnelle de son pays, qui a critiqué la semaine dernière l'action de la Banque centrale européenne. La Cour de Karlsruhe a reproché à la BCE d'avoir peu ou prou outrepassé son mandat par ses programmes massifs de soutien économique à la zone euro via des rachats de dette publique.
Et elle lui a lancé un ultimatum…
Oui. La BCE a trois mois pour justifier son action. Aux yeux des juges allemand, elle doit assumer sa responsabilité face aux citoyens» et ne pas se considérer comme le «Maître de l'Univers».
Car certains Allemands  estiment qu’en abaissant ses taux d’intérêts à zéro, voire moins, avec des taux négatifs, les plans d'aide de la BCE ruinent les épargnants, qui  ne perçoivent plus aucune rémunération avec leur épargne. Le quotidien populaire Bild Zeitung a ainsi surnommé « Draghula » l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, car à ses yeux, il suce le sang des épargnants allemands.
En Allemagne, les plans de la BCE sont vus aussi comme un encouragement aux pays du sud de l'Europe à ne pas être rigoureux en matière budgétaire.

Cette décision de la Cour constitutionnelle allemande a provoqué une crise car les institutions, comme la Cour de justice de l’Union européenne, y voient une intrusion et une remise en cause de ses domaines de compétence, alors qu’elle ont prééminence sur les juridictions nationales. Certains pays comme la Pologne, dirigée par un gouvernement ultranationaliste et eurosceptique, qui ont maille à partir avec les institutions européennes pour leurs atteintes à l’Etat de droit, se sont eux félicités du jugement. A leurs yeux, c’est un coup d’arrêt au pouvoir de l’Union.

Quant à Angela Merkel, elle a estimé que face à cette situation, les gouvernements européens vont devoir à l'avenir prendre plus leurs responsabilités en faisant progresser l’intégration de la zone euro, afin de ne pas laisser l'essentiel du travail de soutien à l'institut monétaire de Francfort. Une question qui va se poser à ses yeux très rapidement. «Il s'agit à présent d'agir en responsabilité et de manière intelligente pour que l'euro puisse subsister», a-t-elle lancé. Car, a-t-elle martelée, «il va» subsister».
Angela Merkel est même allée jusqu'à invoquer les mânes de l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors…
Oui. «Nous ne devons pas oublier ce que Jacques Delors disait avant l'introduction de l'euro: il faut une union politique, une union monétaire ne suffira pas», a-t-elle déclaré. Une prise de position très importante, car en reprenant à son compte l'idée d'une «union politique» et d'une plus forte intégration de la zone euro, la chancelière fait en pas en direction d’Emmanuel Macron, qui plaide pour cela depuis plusieurs années.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La chronique Économie

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