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La vérité et rien que la vérité : une exigence désuète ?

RCF,  - Modifié le 3 octobre 2019
Là où la fiction, le complot et les théories folles circulent, comment faire la part du vrai et du faux ?
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« Je veux qu’on me dise la vérité » : cette phrase lancée par un habitant, riverain de l’usine de Lubrizol, qui a pris feu près de Rouen il y a quelques jours, illustre à la fois un besoin profond et la frustration annoncée.

Comment dire la vérité sur ce que l’on ne sait pas ? Comment dire la vérité à l’heure où tout doit surgir instantanément, à la demande ? Qui donc peut prétendre professer à coup sûr la vérité réclamée ?
Alors que, déjà, bien qu’aucune enquête sérieuse n’ait eu le temps d’être menée, les théories les plus folles circulent sur les réseaux sociaux : attentats, dissémination de produits radioactifs… D’un coup le Net se remplit de personnes dont on découvre qu’elles savent tout, qu’elles connaissent tout et qu’elles bénéficient d’incroyables réseaux de renseignements à rendre jaloux les services secrets américains, russes, chinois et israéliens confondus !

Il faut dire que ce vacarme ne se fait que plus bruyant au milieu des paroles officielles lénifiantes : dire qu’il ne se passe rien de grave à des gens qui constatent de leur yeux, et j’allais dire, de leurs nez et dans leurs corps, que quelque chose d’anormal s’est produit, n’a rien de rassurant…

Comment faire pour dire des choses vraies sans donner l’impression d’en escamoter d’autres, plus graves ? Et comment, si des choses graves venaient à être dites, empêcher les sceptiques de croire qu’il y a plus grave encore ?

Pour certains spécialistes de l’information, près de 70% des infos que nous lisons chaque jour sur Internet sont non vérifiées, peu fiables, voire carrément mensongères. Le marché de l’information est aujourd’hui un objectif majeur des grandes puissances et des intérêts financiers : chacun cherche à devenir l’influenceur de l’opinion mondiale en multipliant des médias à ses ordres qui, sous l’apparence de l’objectivité, injectent dans nos cerveaux des messages tour à tour pro-russes, pro-américains, pro-ceci ou pro-cela.  Autrefois les publicitaires bénéficiaient de pages de publicités pour nous vendre leurs lessives, désormais on ne s’embarrasse plus de masque : il n’y a plus de jingle nous avertissant que nous sortons de l’info pour aller vers la pub. L’info devient le vecteur d’une publicité bien plus insidieuse puisqu’elle se pare de messages politiques.  

Le Président de la République soulignait avant-hier au Conseil de l’Europe le retour des grandes peurs, partout sur notre continent. Ce retour provoque une perte de confiance dans notre rapport au monde, dans la vérité même des faits. Et, il faut bien le dire, les récentes déclarations officielles, sur des sujets aussi divers que le plomb à Notre Dame, les notions de parentalité et de filiation au Parlement ou le sinistre de Rouen, par leur confusion, leur déconnexion du réel et la faiblesse intellectuelle et scientifique qu’elles expriment, n’arrangent rien à l’affaire !

Il est normal que la parole d’un Préfet soit attendue lorsque survient un incendie comme celui de Lubrizol. Il est normal aussi qu’il faille du temps, si cette parole veut être crédible, pour qu’elle se fasse entendre. Mais dans une société où le principe de précaution fut malheureusement érigé en dogme institutionnel, nous sommes tous pris à ce piège mortifère : lorsque l’Etat se désigne lui-même comme le protecteur absolu et lorsqu’il émet l’idée que l’accident ne peut plus survenir, comment expliquer sans se renier lui-même qu’il n’est ni tout-puissant ni infaillible ?

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