La représentation des personnes handicapées dans l'espace public : un enjeu essentiel

Ce combat est très important. Ne nous étonnons pas de ne jamais croiser des personnes handicapées dans la rue, dans les musées ou les cinémas, si elles n’ont pas accès aux transports pour s’y rendre. Je vous conseille d’ailleurs de regarder une vidéo courte et illustrante que j’ai tournée sur ce sujet sur la chaîne Youtube Lemon Adds.

 

 

Mais ce combat doit être complété d’un autre, celui de la représentativité. Là, on ne parle plus de la place des personnes handicapées dans les espaces publics, mais dans les espaces symboliques. Et ne pas se retrouver dans les espaces symboliques, c’est une autre forme de violence, une façon de nous renvoyer à une non, ou à une moindre existence. Les espaces symboliques, ce sont les médias, la représentation politique, les postes de pouvoir économique, diplomatique, etc.

 

Et c’est là que je voudrais vous ouvrir les yeux : si les déclarations d’intention autour du mot "inclusion" sont légion, qu’en est-il réellement dans les faits ? Petit jeu : quel nom vous vient spontanément en tête, si je vous demande de me citer le nom d’un journaliste non voyant ? D’un présentateur en fauteuil ? D’un chroniqueur atteint d’une malformation ? D’un élu amputé d’un membre ? D’un dirigeant d’une grande entreprise né avec une maladie génétique ? Alors, à qui pensez-vous ? Je sais : à personne. À quelques exceptions près, il n’y a pas de personnes handicapées dans notre espace symbolique.

 

Mais serions-nous en voie de progrès ? Par exemple, pour la première fois de la Ve République, on a un élu en fauteuil roulant à l’Assemblée nationale. Et voilà bien le problème : c’est si rare que les personnes ont la garantie d’être constamment ramenées à leur fauteuil roulant, à leur canne blanche ou à leur prothèse. On les essentialise par rapport à leur handicap. C’est dire si on part de loin. Comme l’explique l’universitaire Charles Gardou, la société actuelle, et l’ensemble de ses structures, sont construites par et pour les personnes sans déficience ni limitation. Elle présuppose comme allant de soi la norme d’individus valides et bien-portants. Durant des décennies, les personnes handicapées n’ont été vues que comme des objets de soin. 

 

C’est pour cela que je m'engage pour une initiative, les Trophées des entrepreneurs handicapés. Cet enjeu de représentation est essentiel et je travaille de toutes mes forces à ce qu’on reconnaisse les personnes handicapées pour ce qu’elles sont, pour un très grand nombre d’entre elles : des créateurs et créatrices d’entreprises, des leaders économiques dans leurs territoires, à leur petite, moyenne ou grande échelle, des innovateurs, des développeurs ! Pour cela, j’organise avec l’association H'up entrepreneurs une soirée dédiée aux entrepreneurs en situation de handicap, elle aura lieu le 15  novembre prochain. RCF est partenaire et les candidatures sont désormais ouvertes aux entrepreneurs pour concourir ! 

 

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Hamou Bouakkaz, expert diversité et handicap, intervient chaque semaine dans la Matinale RCF, le lundi à 6h55 dans le cadre d'un programme complet dédié au handicap.

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