La réforme de l'apprentissage
Il y a un grand paradoxe : l’apprentissage, qui allie formation théorique en CFA (centre de formation en alternance) et formation pratique en entreprise, n’arrive pas à se développer, alors qu’il est très efficace contre le chômage. Le nombre d’apprentis stagne depuis dix ans aux alentours de 400 000, alors que c’était une priorité de tous les gouvernements : François Hollande avait fixé pour objectif d’arriver à 500 000... Surtout, le nombre des apprentis au niveau CAP ou BEP baisse au profit des Bac + 2 ou plus.
Pourtant, à diplôme égal, un jeune de niveau CAP a deux fois moins de risque de chercher du travail s’il est passé par l’apprentissage que par le système scolaire classique. « L’apprentissage, c’est le quasi plein emploi », ne cesse de marteler Muriel Pénicaud, la ministre du travail. En Allemagne ou en Suisse, la proportion d’apprentis est deux à trois fois plus élevée. Il y a les mesures spectaculaires, comme les 500 euros attribués aux apprentis pour passer le permis de conduire. Un coup de pouce appréciable pour les jeunes des petites villes ou de la campagne, qui ont des difficultés pour aller au travail ou suivre leurs cours au CFA. Il y a aussi le report de l’âge limite de 26 à 30 ans. Ou encore le fait que les apprentis boulangers ou travailleurs dans le bâtiment pourront travailler plus tard le soir ou longtemps la semaine. Et puis, il y a la « révolution copernicienne » promise par Muriel Pénicaud…
Depuis trente-cinq ans, l’apprentissage était une compétence des régions. Désormais, ce sont les entreprises qui seront au cœur du système. C’est elles qui décideront de l’ouverture d’un nouveau CFA, en fonction des besoins de main d’œuvre dans les bassins d’emploi. Alors qu’il existe de plus en plus de pénuries d’emplois qualifiés : aides à domicile, cuisiniers, coiffeurs, boulangers, couvreurs..., ça peut être très important.
Deuxième innovation : le financement au contrat. Au lieu d’une enveloppe globale, les CFA toucheront de l’argent en fonction du nombre de jeunes ayant un contrat avec une entreprise. Ce qui sera une prime aux plus dynamiques. Selon les spécialistes, il y a tout un travail à faire sur l’accompagnement des apprentis, qui conduit à près d’un quart d’abandons.
Il y a un exemple positif peu connu mais en plein développement : les écoles de production, un système de formation alternatif, très à l’écoute des jeunes fâchés avec le système scolaire classique. Dans ces véritables « écoles-entreprises » créées à la fin du XIXeme siècle à Lyon par l’abbé Boisard, la pédagogie passe par le « faire pour apprendre ». Une fois les bases acquises, les élèves produisent pour de vrais clients qui passent commande à l’école.
Et ça marche : 93% des élèves des écoles de production obtiennent un diplôme. Ils ont ensuite souvent plusieurs offres d’emploi ou choisissent de poursuivre des études. Pour l’instant, ces écoles hors contrat ne sont pas prises en compte dans le projet de loi sur l’apprentissage. Mais fort du soutien de politiques et de patrons influents, qui les ont vu à l’œuvre ces derniers mois, leurs dirigeants ont bon espoir que ça évolue.
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