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La reconstruction de Renault

RCF,  -  Modifié le 24 janvier 2019
Vincent de Féligonde vous explique dans sa chronique économie comment va se passer l'après Carcos Ghosn chez Renault.
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Le conseil d’administration de Renault doit se réunir ce matin à 10h pour nommer un remplaçant à son PDG, Carlos Ghosn, en prison au Japon depuis plus de deux mois…
 

Oui Stéphanie. Et l’ancienne régie n’aura plus désormais un président directeur général (PDG), mais un président ET un directeur général. Les deux fonctions seront dissociées. Le président sera chargé de représenter les actionnaires, définir la stratégie à long terme. Le directeur général sera pour sa part chargé de la gestion au jour le jour du groupe.
 
Qui va prendre ces deux postes ?
 
Sauf énorme surprise, le président sera Jean-Dominique Sénard, l’actuel patron de Michelin, numéro deux mondial du pneu. Clin d’œil de l’histoire : Carlos Ghosn était chez Michelin avant d’arriver chez Renault. Pour autant, on ne peut trouver plus dissemblables que ces deux hommes.
 
Que voulez-vous dire ?
 
Depuis son arrivée au siège de Renault, à Boulogne Billancourt, en 2005, tout auréolé du redressement de Nissan, « Monsieur Ghosn » était un patron omnipotent, à l’ego surdimensionné, entouré d’une équipe de collaborateurs dévoués. On les surnommait les GAD, « Ghosn a dit ».
 
Et Jean Dominique Sénard ?
 
C’est un homme distingué, courtois, respectueux des autres, qui pour autant sait décider. Ce chrétien affirmé, allie libéralisme à une conception très sociale de l’entreprise. En mars 2018, il a remis au gouvernement un rapport rédigé avec Nicole Notat, l’ancienne secrétaire générale de la CFDT, le syndicat réformiste, plaidant pour un élargissement de l’objet social de l’entreprise aux parties prenantes, notamment les salariés. Des conceptions qu’il aurait voulu pousser s’il avait été élu à la présidence du Medef, le principal syndicat patronal, avant de devoir renoncer à candidater pour une question d’âge. Il devait en principe quitter son poste chez Michelin en mai, en cédant son poste à son numéro deux.
 
Et qui sera directeur général de Renault ?
 
Thierry Bolloré, un breton de 55 ans, discret et peu connu du grand  public. Il était jusqu’ici adjoint et dauphin désigné de Carlos Ghosn. Il assurera la continuité au sein du groupe, où il est entré en 2012. Il est aussi passé chez Michelin, où il a fait la connaissance de Carlos Ghosn.
 
Quelle sera leur feuille de route ?
 
Celle de Jean Dominique Sénard, définie par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, est claire : "le renforcement de l’Alliance" avec Nissan et Mitsubishi. Depuis plusieurs mois, Carlos Ghosn travaillait à une fusion de ces entités. Il faudra rebâtir la confiance avec les Japonais. Il devra aussi reconstruire une gouvernance mise à mal par son prédécesseur. Quand à Thierry Bolloré, il devra poursuivre l’intégration industrielle avec ses partenaires japonais et affronter les mutations du secteur auto.
 
Que va devenir Carlos Ghosn ?

Après s’être vu refuser une nouvelle fois mardi une libération sous caution, il devrait rester en prison au moins jusqu’au 10 mars. Selon son avocat, il risque de rester incarcéré des mois jusqu’à la tenue de son procès. Une chose est sûre : il ne fêtera pas cette année les 20 ans de l’Alliance dont il a fait le premier ensemble automobile mondial. Si elle résiste à ce qui est l’un des plus grands scandales du siècle dans le monde des affaires.

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