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La modernité du concept d’autonomie

RCF,  - Modifié le 26 juin 2018
"Il n’y a qu’en politique que l’autonomie constitue une calomnie..." Pour Eric Mutschler, l’autonomie est au cœur des enjeux de la transition et du développement durable.
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Conscientes qu’elles ne disposent que de trois jours de réserves de nourriture, certaines grandes villes, comme Londres, développent désormais des circuits courts de proximité pour renforcer leur autonomie alimentaire. Même l’énergie atomique argue d’autonomie pour tenter de s’imposer, oubliant au passage qu’elle dépend totalement d’un uranium importé. Seules les énergies renouvelables nous permettent d’atteindre une autonomie énergétique en nous libérant de la dépendance au pétrole. Par ailleurs, de nombreuses entreprises découvrent l’efficacité des entités autonomes pour gagner en agilité et en productivité. Et j’imagine que vous-même, vous éduquez vos enfants pour les rendre, un jour, autonomes.
 

Il n’y a qu’en politique que l’autonomie, présentée dans tous les autres domaines comme une vertu libératrice et émancipatrice, constitue une calomnie

 

L’autonomie apparaît donc comme une valeur positive, à l’opposé de la dépendance ; celle-là même que la mondialisation a érigée en système. Celle-là même qui, en les privant peu à peu de leur autonomie semencière, contraint les agriculteurs à se procurer graines et pesticides auprès d’une poignée de multinationales. Et qu’il soit aujourd’hui plus facile de trouver du Nutella qu’un champ de fraises bio en libre cueillette procède du même système mondialisé.
 
Il n’y a qu’en politique que l’autonomie, présentée dans tous les autres domaines comme une vertu libératrice et émancipatrice, constitue une calomnie. Sans doute parce que, appliquée au peuple, elle entrave la grande braderie territoriale que se livrent depuis toujours seigneurs, rois et désormais chefs d'État au gré de leur ambition.
 
Car c’est bien l’archaïsme d’un modèle de gouvernance - celui d’un "setze bliewe un s’Mul hàlde" (en alsacien dans le texte) / "rester assis et se taire" (en français) que rejette aujourd’hui une très large majorité d’Alsaciens auxquels fut imposée, en 2015, en violation du droit européen et d’un simple coup de crayon présidentiel, une improbable et coûteuse région Grand Est, grande comme deux fois la Belgique. Jamais, dans leur histoire, les Alsaciennes et les Alsaciens n’ont été appelés à exprimer leur avis quant à leur destin, tout au plus sont-ils sommés de choisir entre hémiplégie (en niant un pan entier de leur identité) et schizophrénie (en adoptant une culture imposée, comme naguère les petits Africains et leurs ancêtres les Gaulois !).
 
Sur la question alsacienne, il serait grand temps que l'État perçoive la modernité du concept d’autonomie. À moins que sa conception soit celle d’une démocratie sans peuple…

 

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