Le produit intérieur brut de la France, c’est-à-dire la richesse produite par l’économie, a baissé de 6% en trois mois, entre janvier et mars, a indiqué hier la Banque de France. C’est la pire performance trimestrielle depuis 1945. L'activité générale a notamment été inférieure d'un tiers à la normale sur les quinze derniers jours de mars. Seul le deuxième trimestre de 1968, avec les événements de mai, avait connu un tel effondrement. Cette année, chaque quinzaine de confinement ampute le PIB d’1,5 point.
Selon la Banque de France, les pertes d'activité les plus fortes concernent logiquement la construction, le commerce, les transports, l'hébergement et la restauration. L'industrie résiste à peine mieux avec des usines qui ont tourné à un peu plus de la moitié de leur capacité en mars. La France n'est pas la seule dans ce cas. C'est le premier pays du G7 à officialiser son entrée en récession, qui consiste en deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Mais l'Italie et le Japon devraient suivre. L'Allemagne devrait y échapper de justesse, même si une contraction de son économie de près de 10% est attendue ce trimestre. Le gouvernement devrait présenter aujourd’hui un projet de budget rectificatif pour tenir compte de cette nouvelle réalité. Bruno Le Maire a comparé à plusieurs reprises «ce choc» à la grande dépression ayant suivi le crash boursier de 1929, insistant sur l'enjeu: "éviter le naufrage"
Pas exactement. La crise de 1929 et celle de 2008 étaient des crises du capitalisme, liées à des excès de spéculation. Cette fois, la crise est sanitaire. Elle est extérieure à l’économie – les spécialistes parlent d’un choc exogène. Et le trou d’air que subit l’économie est le résultat d’un choix politique : geler l’activité pour éviter la propagation du virus et donc que les hôpitaux soient submergés par les malades. Mais on a tiré des leçons de ces crises, tout d’abord, les banques centrales ont comme en 2008 fait en sorte que le système bancaire ne s’effondre pas. Car c’est le cœur de l’économie. Ensuite, les gouvernements européens ont décidé d’éviter des faillites en chaines en proposant à toutes les entreprises à l’arrêt de mettre leurs salariés au chômage partiel, l’Etat payant leurs salaires. Cela doit permettre de redémarrer plus vite quand le confinement se terminera. Les pouvoir publics ont aussi décidé de reporter la perception des charges sociales et des impôts des entreprises et ont garanti leurs nouveaux emprunts, afin de lever les appréhensions des banques à prêter. Ce qui va se traduire par une explosion des déficits publics. Mais c’est le prix à payer pour sauver l’économie. On verra plus tard comment absorber tout cela.
L’objectif du gouvernement est de gérer au mieux le déconfinement et d’équiper les hôpitaux et de développer les tests sérologiques pour pouvoir affronter au mieux une deuxième vague de coronavirus, toujours possible. Le but serait de ne pas retomber dans un confinement strict comme c’est le cas aujourd’hui, car son coût économique est exorbitant.
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