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La faute de Laurent Wauquiez

RCF,  -  Modifié le 21 février 2018
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Les figures rhétoriques empruntées à la Donald Trump conduisent à des impasses. Laurent Wauquiez est en train d’en faire l’amère expérience. En imaginant que cette forme de franc- parler peut séduire au-delà du cercle de ses soutiens inconditionnels, le président des Républicains a commis une sérieuse erreur d’évaluation.

Des propos de Laurent Wauquiez tenus devant les étudiants d'une école de commerce lyonnaise ont été diffusés vendredi dernier par l'émission Quotidien. D’autres extraits circulent. On y entend notamment Laurent Wauquiez affirmer que Nicolas Sarkozy «mettait sur écoutes pour pomper tous les mails, tous les textos», les portables des membres du gouvernement lors du Conseil des ministres. Il affirme aussi qu'Emmanuel Macron et ses équipes «ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition» contre François Fillon. Enfin, le président des Républicains livre une prédiction sur le sort de Gérald Darmanin, visé par une enquête pour abus de faiblesse : «il sait ce qu'il a fait» et «il va tomber».
 
Ces accusations, lancées sans preuves, viennent rompre une tradition normée du discours des responsables politiques qui, sauf aux extrêmes, s’astreignent à une expression en général contrainte dans le cadre du débat public. Ce qu’ils pensent et disent dans un espace privé est un tout autre sujet. Mais même comme «enseignant», Laurent Wauquiez n’avait pas à se lâcher ainsi.
 
Outre la faute morale, éloquente en elle-même, Laurent Wauquiez va devoir subir les conséquences de ses errements. Partout à droite et à gauche, il est la cible de ses contempteurs, moins prompts à lui trouver des excuses que son tempérament, tel qu’il s’est exprimé, ces derniers mois, conduisait assez logiquement à de tels  dérapages.

Au sein même des Républicains, Laurent Wauquiez parvient à renforcer l’unité de ceux qui dénoncent ces dérives. S’il avait voulu consolider l’union assez opportuniste de Valérie Pécresse, Maël de Calan et Florence Portelli, ses opposants internes, il a parfaitement réussi son opération. Même ses soutiens prennent leurs distances : «On a besoin de rassembler, pas de diviser (...) Ces propos ne concourent pas au rassemblement» du parti, a ainsi noté Eric Woerth, ajoutant «Il n'y aurait pas ces propos, ce serait peut-être mieux». Par ailleurs, dans un parti où les partisans de Nicolas Sarkozy restent nombreux, c’est un autre facteur de division. 

La critique porte aussi sur l’opportunité de ces propos. Et au moment où le pouvoir voit sa popularité reculer, semble avoir perdu la pleine maitrise de l’agenda politique - il doit faire face à de nombreuses contestations ( gardien de prison, agriculteurs, cheminots )- c’est  erreur. Laurent Wauquiez qui s’était péniblement hissé au rang d’opposant principal en volant avec Les Républicains, la vedette à Jean-Luc Mélenchon et à la France insoumise, enfonce un gros coin dans sa crédibilité. Sur ce terrain, la voie Trump est vraiment déconseillée. 
 
 
 
 
 
 

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