La déclaration des droits de l’arbre a été proclamée le vendredi 5 avril lors d’un colloque de l’association A.R.B.R.E.S à l'Assemblée nationale. Elle a suscité l’hilarité ou l’hostilité.
Et c’est dommage. Tout le monde a en tête ces livres sur le monde végétal qui se révèle beaucoup plus complexe que nous le pensions. Alors on croit à un effet de mode. C’est vrai que les termes de cette déclaration peuvent surprendre : ils se veulent calqués sur la Déclaration des droits de l’homme. Posons le problème : d’une part des découvertes scientifiques qui nous enseignent que les plantes ne sont pas des sortes de stalagmites comestibles mais des êtres vivants qui interagissent, qui émettent des messages chimiques, etc. Bien plus proches des animaux que des minéraux.
Ensuite une crise écologique faute d’avoir su respecter les autres êtres vivants. Enfin, une société divisée, sans consensus, de sorte que le droit est le seul outil pour borner l’action humaine, dire le bien et le mal. Répondre à tout cela est un exercice difficile. Certains y voient une grande confusion où l’Homme n’est plus distingué de rien, même pas d’une salade. Mais une chose unit l’Homme et la salade : tous deux sont des êtres vivants. Les anciens Hébreux ne voyaient pas les plantes comme de vrais êtres vivants.
Plus tard nous avons appris que nous étions des primates issus d’une longue évolution. Ça n’a pas amené à nier l’Homme mais à mieux le connaître. Il ne faut pas faire la même erreur que les détracteurs de Darwin. Les animaux ont des émotions... Chez les plantes, on constate des phénomènes qui ont bien des chances d’être un équivalent des émotions animales. Ce que la science constate, il faut bien en prendre notre parti. Le propre de l’Homme, ce n’est pas l’émotion, c’est la raison.
On n’est pas en train de confondre l’Homme et les autres mais au contraire d’affiner la distinction et la connaissance du propre de l’Homme.
Mais on ne va pas donner des droits à un arbre comme à un citoyen. Bien sûr que non. Mais puisque seul le droit est le cadre accepté par nos sociétés pour dire ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, il faut bien en passer par là. C’est le seul moyen de faire exister ces êtres vivants comme tels aux yeux de la société. La ligne de crête, c’est savoir, comme le dit d’ailleurs cette déclaration que nous ne pouvons pas avoir une empreinte écologique à zéro, que nous devons vivre aux dépens d’êtres vivants – même les arbres le font.
Cette déclaration des droits sert à borner la puissance de l’homme par la responsabilité. On ne parle pas que d’un bâtiment fragile mais d’êtres vivants à part entière. Notre empreinte écologique sera nulle après la parousie. Sur Terre elle ne le sera jamais, mais nous devons la baisser le plus possible. La déclaration des droits est un outil qui répond à ce commandement. Elle peut surprendre, mais elle nous prend surtout là où nous en sommes
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