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La conférence sur le futur de l’UE : gadget ou révolution démocratique ?

RCF,  - Modifié le 24 janvier 2020
Rapprocher l'Europe de ses citoyens : les institutions de l’Union européennes ont décidé de s'occuper du sujet et de lancer une Conférence sur le futur de l’UE le 9 mai prochain

Alors, révolution ou gadget démocratique, cette Conférence ?

Vous n’en n’avez sans doute pas entendu parler, l’information n’a sans doute pas traversé les frontières de ce qu’on appelle la bulle bruxelloise. Pourtant, les préparatifs de la Conférence sur le futur de l’Europe, méritent que nous nous y arrêtions quelques minutes. Il faut refonder le projet européen, mais il ne faut pas se tromper sur le diagnostic. Si l’on considère que le problème est avant tout institutionnel, alors il est certain que la réponse qu’on formulera sera de la même nature… et donc manquera sa cible. Car, la crise politique de l’Europe me semble avant tout être une crise de projet.

Que souhaitons-nous faire ensemble ? Et, du coup, que sommes-nous prêts à partager ? Ces questions, globalement, nous ne savons plus y répondre. Les Européens pressentent qu’ils ne sont ni les Chinois, ni les Américains et qu’ils ont une voix particulière à porter mais quelle est cette voix ? C’est là tout l’enjeu de cette Conférence.

Redéfinir ce que nous voulons faire ensemble, réinscrire nos parcours individuelles dans un destin européen partagé. Mais cela ne pourra aboutir que si les peuples européens s’approprient vraiment et massivement ce projet. C’est pour cela qu’il est crucial que cette Conférence sur le futur de l’UE ne se limite pas au cocon confortable de la bulle bruxelloise mais implique tous les citoyens européens.

Comment justement s’assurer de la participation de tous les citoyens ?

C’est précisément ce sur quoi travaillent aujourd’hui les dirigeants européens, et en particulier les Parlementaires européens, qui ont fait des propositions assez précises dans une récente résolution. Ils proposent notamment la mise en place d’agoras citoyennes qui seraient composées de maximum 300 citoyens issus des 27 Etats membres. Ces agoras pourraient être thématiques et refléter ainsi les priorités politiques de la future UE.

Le Parlement européen propose que la sélection de ces citoyens se fasse sur la base du tirage au sort tout en intégrant un certain nombre de critères de représentativité. Cela permettrait de refléter la diversité des situations, et probablement des opinions. C’est un peu le modèle de la convention citoyenne sur le climat organisée en France en ce moment, dont il faudra tirer les leçons notamment en termes d’aboutissement.

Peut-être que je fais un peu de mauvais esprit, mais finalement est-ce que l’idée derrière cette conférence n’est pas tout simplement de modifier le Traité de Lisbonne ?

Très bonne question. Faut-il ou ne faut-il pas réformer les traités européens ? Sitôt posée, la question fait frémir nombre de gouvernants européens qui ont en mémoire les grandes difficultés avec lesquelles le Traité de Lisbonne a été adoptée. Ce qui est certain c’est que la modification des Traités ne peut pas être, ne doit pas être l’objectif de cette conférence. Sinon, on retombe dans des débats diplomatico-juridiques classiques et étouffants.

Le contexte est trop lourd, les enjeux trop grands pour qu’on ne parle pas du fond des politiques, du sens dans lequel nous souhaitons construire notre Europe. La modification des Traités – si elle nécessaire – ne pourra être que la conséquence de ces choix politiques.

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