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La CFDT devient le premier syndicat français
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La CFDT devient le premier syndicat français

RCF,  -  Modifié le 14 décembre 2018
Vincent de Féligonde revient sur les élections du secteur public.
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Après avoir détrôné la CGT dans le secteur privé début 2017, la CFDT est passé devant, public et privé confondus, à l’occasion des résultats des élections du secteur public, qui se sont tenues la semaine dernière. "C’est historique !" s’est réjoui sur son compte twitter Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Pour la première fois depuis… 1995, il y a 123 ans, la CGT ne domine plus le paysage syndical français.
 
La CGT, autrefois liée étroitement au parti communiste français, n’a pas connu la déconfiture de ce dernier, qui a presque complètement disparu du paysage politique après la chute de l’URSS, alors qu’il était le premier parti de France en 1945. Mais la centrale de Montreuil n’a pas su se relever de la crise de succession après le départ de son secrétaire général Bernard Thibault en 2015 puis la démission de son successeur, Thierry Lepaon, après les révélations sur son train de vie. L’arrivée à sa tête de Philippe Martinez, tenant d’une ligne dure, n’a rien arrangé : il multiplie les journées d’action, sans succès.
 
Laurent Berger est un tenant d’un syndicalisme réformiste, dans la droite ligne de ses prédécesseurs Eugène Descamps, Edmond Maire, Jean Kaspar, Nicole Notat et François Chérèque, qui ont successivement dirigé l’organisation issue de la déconfessionnalisation de la CFTC en 1964. "La CFDT porte un syndicalisme humaniste, proche des travailleurs, efficace dans l’amélioration de leur quotidien. C’est lui qui est porté à la première place" s’est-il réjoui hier. Ce n’était pourtant pas gagné.
 
Dans une France marquée par la mystique révolutionnaire, où l’Etat joue un rôle central, être partisan du compromis pour faire avancer les choses n’a pas nécessairement bonne presse. La CFDT a été notamment très critiquée pour son soutien à la réforme des retraites en 2003, qui a abouti au départ d’un certain nombre de ses militants, notamment pour rejoindre Sud. Mais ses dirigeants successifs ont tenu leur ligne réformiste, assumant les accords négociés patiemment avec le patronat dans les entreprises ou avec les différents gouvernements, notamment durant les quinquennats de Nicolas Sarkozy puis François Hollande. Ils se distinguaient d’autant plus que le troisième syndicat, FO, déchiré entre réformistes, trotskystes et anarchistes, oscillait entre réalisme et contestation.
 
Le début de la présidence Macron a été plus difficile pour la CFDT… La posture "jupitérienne" du nouveau président n’était pas du tout en phase avec les conceptions du syndicat. Laurent Berger n’a cessé d’appeler Emmanuel Macron à négocier avec les corps intermédiaires pour réformer le pays. Il a été le premier à prôner le dialogue avec les gilets jaunes, ce que le président a été contraint d’accepter ces derniers jours.
 
Mais ce n'est pas l’heure de gloire pour Laurent Berger. La révolte des gilets jaunes montre que tout une partie de la société ne se sent représenté ni par les partis politiques, ni par les syndicats. Et qu’elle éprouve même souvent une grande hostilité à leur égard. Leur montrer que le dialogue patient peut être source de progrès social est un des grands défis que devra affronter Laurent Berger dans les semaines et les mois à venir.

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