La Caisse d’épargne veut tester des banquiers indépendants
C’est une première en France : ils auront pour mission de suivre les clients existants, et aussi d'en démarcher de nouveaux. Le test devrait se dérouler dans trois agences de zones rurales à partir du mois de juin en cas de feu vert du gendarme de l’activité bancaire : l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Pourquoi ce choix ?
Selon la direction de l’établissement, interrogée par mon confrère Michel Waintrop dans La Croix d’aujourd’hui, l’enjeu est de pérenniser une présence bancaire dans des secteurs ruraux au trafic déclinant. « Dans notre zone d’activité, nous disposons de près de 400 agences dont presque la moitié a moins de trois collaborateurs et beaucoup juste un ou deux, explique-on au siège. Lorsque certains sont absents, nous ne pouvons plus assurer un service de qualité. Nous pouvons même être amenés à fermer des agences car il est difficile de recruter dans ces territoires. »
Cela consiste donc à remplacer des salariés par des autoentrepreneurs. Après les taxis, la banque s’uberise...
Pas si vite ! Le « conseiller indépendant local » _ c’est comme ça qu’il devrait s’appeler _ ne sera pas un autoentrepreneur. Il devra être à la tête d’une société anonyme par actions simplifiées (SAS). Il lui faudra au moins trois agréments pour pouvoir distribuer l’ensemble des produits, banque, épargne et assurance, mais aussi justifier d'une première expérience comme cadre durant au moins deux ans dans une banque ou chez un assureur.
Comment réagissent les syndicats ?
Ils sont très critiques, vous l’imaginez. D’autant que la convention collective du secteur bancaire est très favorable. « S’engager sur cette voie risque de faire exploser les acquis sociaux, de paupériser une nouvelle catégorie de travailleurs bancaires » tonne Frédéric Guyonnet, le président du SNB, premier syndicat du secteur. Il redoute notamment que ce nouveau statut pousse davantage à la vente de produits à tout prix qu'au conseil et à l'accompagnement. Selon lui, « le risque, c'est de se retrouver avec des vendeurs d'aspirateurs ».
C’est crédible ?
Pas totalement : la banque doit veiller à maintenir son image de marque. Pas très compatible avec une politique de vente massive de produits financiers.
Y a-t-il un risque pour le secret bancaire ?
C’est ce que craignent les syndicats. Les clients confient des aspects très intimes de leur vie privée à leurs banquiers. Ces derniers sont très contrôlés dans les agences. A la Caisse d’épargne, on calme le jeu : les conseillers indépendants seront soumis au secret bancaire comme tout employé de banques, tout comme d’éventuels salariés qu’ils pourraient recruter.
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