Jérôme Fourquet (IFOP): "la grève peut encore durer des semaines"
La grève contre la réforme des retraites se poursuit. Au bout de 29 jours, les forces s’épuisent un peu, mais le bras de fer avec le gouvernement se poursuit. Plusieurs échéances importantes sont prévues avant l’examen du projet de loi en Conseil des ministres. Pour Jérôme Fourquet, directeur du département "Opinion et stratégie d’entreprise" de l’IFOP, "le mouvement peut encore se poursuivre pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines".
"Les bastions syndicaux sont de plus en plus isolés"
Pour que le mouvement perdure, du moins jusqu’aux échéances les plus importantes, il faut du carburant, à savoir la détermination des grévistes. "Il a fléchi. On peut le comprendre. Ils ont déjà derrière eux bientôt un mois de mobilisation, et donc des fiches de paie et de salaire amputées d’autant. Mais pour un certain nombre d’entre eux, dans les secteurs les plus mobilisés, ils affichent une certaine détermination" ajoute Jérôme Fourquet, qui précise cependant qu’il est normal que le mouvement continue de perdre en intensité.
Il faut néanmoins relever qu’avec 29 jours de grève, c’est le mouvement social le plus long jamais enregistré à la SNCF. "Dans d’autres entreprises, la mobilisation est importante, mais tout cela est assez ambivalent. On peut faire le constat que certains secteurs de la société française demeurent très mobilisés et très mobilisables. A la SNCF, le conflit est important, mais avec un nombre de grévistes plus faible qu’en 1995. La société française est difficilement réformable, mais dans une société fragmentée, les bastions syndicaux sont aujourd’hui plus isolés" précise le directeur du département "Opinion et stratégie d’entreprise" de l’IFOP.
"Cette crise va marquer l'histoire du quinquennat"
Difficile pour autant de savoir qui sortira vainqueur de ce bras de fer. "Il y a un jeu à plusieurs acteurs. Le gouvernement, les organisations syndicales, mais aussi les salariés en grève et l’opinion publique. Ceux qui tiennent les clés de l’issue de ce conflit sont le gouvernement, et puis plus que les directions syndicales, les grévistes eux-mêmes" estime Jérôme Fourquet.
Au moment de la crise des Gilets jaunes, certains observateurs avaient estimé qu’Emmanuel Macron jouait son quinquennat. À l’heure actuelle, environ deux Français sur trois sont mécontents de l’action du président de la République, et une majorité symbolique soutient encore les grévistes de la réforme des retraites. Pour Jérôme Fourquet, "lors de la crise des Gilets jaunes, peu de Français et d’observateurs pensaient que dix mois plus tard, le président s’embarquerait dans une réforme explosive. Cette crise va marquer l’histoire du quinquennat. Emmanuel Macron a progressivement modifié sa stratégie électorale, qui consiste aujourd’hui à essayer de parler à un électorat de droite en déshérence. Le fait de tenir symboliquement face à la CGT sur un conflit comme celui-là, est absolument décisif pour lui s’il veut arrimer à sa majorité une partie de l’électorat de droite qu’il souhaite aujourd’hui conquérir. C’est un moment important de son quinquennat".
Jérôme Fourquet, directeur du département "Opinion et stratégie d’entreprise" de l’IFOP au micro d'etienne pepin:
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