Jean-Michel Houllegatte : « Le Sénat est une force d’équilibre »
Le dimanche 24 septembre 2023, le Sénat sera renouvelé par moitié, au suffrage universel indirect. Trois sénateurs seront élus par les grands électeurs dans la Manche, deux dans l’Orne. Jean-Michel Houllegatte, sénateur de la Manche depuis 2017, ne se représente pas pour un nouveau mandat. Il revient pour nous sur la mission de la chambre haute du Parlement et sur l’évolution législative qu'il a pu observer.
C’est une élection qui ne fait pas beaucoup de bruit et pour cause seuls les grands électeurs sont appelés aux urnes le dimanche 24 septembre 2023. Comme tous les trois ans, le Sénat sera renouvelé par moitié. En Normandie, seuls les départements de l’Orne et de la Manche sont concernés cette année. Pour rappel, les sénatoriales comptent deux types de scrutin : scrutin uninominal dans les départements élisant un ou deux sénateurs et scrutin de liste à la proportionnelle dans les départements élisant trois sénateurs et plus. Dans la Manche, trois sénateurs seront élus au scrutin proportionnel. Les candidats se présentent donc sur une liste de trois titulaires et de deux suppléants. Les 1669 grands électeurs que sont les parlementaires, les conseillers régionaux et départementaux et les élus municipaux choisiront entre huit listes. Dans l’Orne, deux sénateurs seront élus au scrutin uninominal, les candidats se présentent par binôme, un titulaire un supplément. Ils sont huit binômes à se présenter.
Dans la Manche, Jean-Michel Houllegatte est le seul des trois sénateurs du département à ne pas se représenter pour un nouveau mandat. « Ça fait pratiquement 30 ans que je suis dans la vie politique, j’ai 65 ans, il faut se dire qu’il y a un temps pour tout. » L’élu âgé de 65 ans pense que le Sénat a besoin d’être rajeuni. « Il y a une nouvelle génération qui a aussi des compétences, de l’expérience, qui aspire à avoir des responsabilités, c’est normal ».
Quel peut être l’impact politique de ces élections ?
« À l’heure actuelle où il n’y a pas de majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, le Sénat a un rôle important. Il est à la fois une force d’équilibre et une force de propositions pour trouver des consensus entre les différents partis politiques. Le Sénat est un lieu où on débat de façon apaisé donc on arrive parfois à trouver des consensus. » Pour l’élu issu du Parti socialiste, cela n’empêche pas pour autant les postures politiques avec des partis qui se positionnent déjà pour la prochaine élection présidentielle.
« Il y a une avalanche de textes aujourd’hui »
Élu sénateur en 2017, Jean-Michel Houllegatte a vu au cours de son mandat la multiplication des lois. « Les lois inutiles nuisent aux lois fondamentales. Cela conduit à passer à côté d’un certain nombre de choses ou à se montrer opposé à une loi par principe sans avoir eu le temps de l’examiner. » Il alerte aussi sur le fait de répondre de manière législative à un problème d’actualité.
« La loi demande de l’exigence, de l’expérience, de la compétence. Il faut, avant d’agir, prendre beaucoup de recul, notamment sur les questions sociétales. Certes les aspirations à des droits individuels sont importantes, légitimes mais attention à l’incidence sur le collectif. On a une société qui a tendance à satisfaire les droits individuels et cela peut fragiliser le collectif. »
Pour une démocratique implicative
Alors qu’on parle beaucoup de crise de la démocratie, l’ancien maire de Cherbourg souhaiterait voir une troisième voie à côté des deux formes de démocratie privilégiées aujourd’hui (la démocratie représentative avec les élections et la démocratie participative basée sur les consultations locales). « Il faut faire en sorte que les gens s’impliquent non pas seulement dans les décisions locales mais aussi dans les actions locales. » Participer aux conseils de quartier, nettoyer les espaces publics ensemble, porter assistance aux personnes âgées, organiser des événements... « Tout cela donne le sentiment d’appartenir à une communauté de destin et à mon avis c’est ce qui fait défaut aujourd’hui dans notre société. »
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !