Immigration : sortons des postures. Posons-nous les vraies questions.
L’élection présidentielle commence à montrer le bout de son nez. Certaines thématiques commencent à émerger. Et la question de l’immigration sera bien entendue une des thématiques centrales.
Oui et c’est un sujet qui systématiquement divise. Le débat est caricaturé entre les pro-migrants soucieux du prochain mais qui seraient inconscients de la situation devenue ingérable et les anti-migrants soucieux de préserver un équilibre mais qualifiés de racistes. Et en fait la plupart d’entre nous se trouve tiraillés entre l’amour du prochain et inquiets des questions religieuses, sociales, culturelles et économiques que cela nous pose.
On ne va pas résoudre ce dilemme en une seule chronique. Mais peut-être partager quelques réflexions. Avec d’abord une donnée objective qui est celle des chiffres. Si on prend ceux du grand spécialiste Français de l’immigration qu’est le démographe Gérard François Dumont qui se base sur les chiffres de l’INSEE et de l’ONU, la France compte 10% d’immigrés, c’est à dire nés hors de France naturalisés français ou étrangers. Donc une personne sur dix en France est d’origine étrangère. Quant à la seconde question, d’après la même source, en faisant une estimation de l’immigration clandestine, en grande partie basée sur l’aide médicale d’état, ce sont environ 400 000 personnes chaque année qui rentrent sur le territoire Français. Un chiffre en hausse constante depuis l’an 2000. Dans 50 ans, ce sont 20 millions immigrés supplémentaires en France, si toutefois ces chiffres n’augmentent pas. Hors si la courbe continue sa croissance régulière, c’est donc un chiffre largement sous-estimé.
Faut-il s’en inquiéter ?
Faire semblant que la question de l’immigration n’en n’est pas une est une folie. L’accueil de l’étranger, le secours au plus fragile reste un principe intangible pour les chrétiens. Mais comme le dit justement le philosophe chrétien Pierre Manent ce n’est pas parce qu’on secourt un migrant en train de se noyer qu’on doit l’accueillir dans la Cité ensuite. Il faut considérer les choses sur le plan politique. La difficulté d’intégration que nous vivons aujourd’hui montre que soit nous n’avons échoué dans la façon d’accueillir l’immigré pour qu’il s’insère dans son pays d’accueil, soit qu’il n’y a pas assez de volonté de s’insérer en construisant une culture à part, une politique à part, une religion à part. Lutter contre le séparatisme et laisser les filières d’immigration prospérer est un contre sens. Accueillir la fuite des cerveaux des pays en voie de développement est une façon de dépouiller ces pays qui en auraient besoin. Et accueillir la misère du monde n’est aujourd’hui plus possible : d’une part parce que la France, en crise économique durable, n’est plus en mesure d’endiguer la pauvreté de ses propres ressortissants, d’autre part parce que l’intégration est dans bien des endroits un échec, favorisant la radicalisation islamique, l’insécurité, la pauvreté. Le néocolonialisme ultra libéral d’une part et le complexe de la colonisation d’autre part ont mis en échec la solidarité internationale et une vraie politique de développement. La question de l’immigration est d’une importance cruciale. Elle doit être traitée avec discernement et justesse, humanité et réalisme loin des postures idéologiques. Il n’est pas sûr que le contexte d’une campagne y soit favorable…
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