Après avoir été repoussé à cause de la coupe du monde de football, le plan pauvreté a finalement été annoncé par Emmanuel Macron jeudi dernier. Fruit de plusieurs semaines de concertation avec les principaux acteurs associatifs, ce plan a pour objectif de réduire les inégalités qui se creusent de plus en plus en France entre riches et pauvres. Il se focalise notamment sur les jeunes qui font partie de ceux qui souffrent le plus de la pauvreté.
Les responsables associatifs se félicitent globalement de ce plan. Cependant, un regret : les ressources données aux plus défavorisés n'augmentent pas.
"Plus une société est riche et développée, plus elle doit faire une place pour tous", soulignait l'abbé Pierre. Aussi, la participation des principaux concernés est extrêmement importante. Avoir une activité valorisée, avec un statut, permet de regagner dignité et fierté. Jean-Marc Potdevin précise : "Je n'ai personnellement aucune expérience de la rue. Dans mon association agit un Comité de la rue, avec des personnes qui y sont encore ou en sont sorties, sans leurs conseils, on aurait fait n'importe quoi." Il ne faut pas hésiter à s'appuyer sur ceux qui connaissent vraiment les problématiques.
Chacun doit s'engager à son niveau. "Chacun est responsable et doit s'impliquer pour inverser ce système qui rejette les gens sur le trottoir". Comment changer notre regard, comment considérer l'autre? Il paraît peut-être difficile de mobiliser l'opinion. Mais "les Français sont chaleureux et généreux". Il faut compter sur notre capacité à nous rassembler pour les causes qui comptent.
Le plan insiste beaucoup sur l'accompagnement des enfants, sur la formation des éducateurs. Cependant, les responsables associatifs alertent sur une lacune majeure : le soutien des familles. Que se passe-t-il une fois que l'enfant rentre chez lui? Un enfant dans une famille précaire connaît l'exclusion dès le plus jeune âge. Il a la sensation qu'il ne sortira pas de ce cadre.
Afin de briser le déterminisme, il faut également travailler sur l'intérieur des familles. Agir, par exemple, sur le mal-logement, pour que des élèves n'aient plus à faire leurs devoirs dans la baignoire quand le salon est trop rempli. C'est aussi donner la possibilité aux enfants de se nourrir correctement, comme en témoigne l'expérimentation des petits-déjeuners à l'école dans les zones les plus défavorisées.
L'action se met en place aussi en direction des plus âgés, avec l'obligation de formation jusqu'à 18 ans. On essaie ainsi de recentrer les décrocheurs sur des activités qui vont leur permettre de démarrer dans la vie. Les invités soulignent l'intelligence d'avoir confié cela aux missions locales, en lien avec tous les acteurs du territoire.
François Soulage évoque la joie d'avoir connu des personnes en grande précarité prendre des responsabilités à leur niveau. "On voyait des personnes découvrir leur savoir-faire. Chez toute personne, il y a quelque chose qu'elle peut apporter !" L'enjeu est alors de permettre à ces personnes de se trouver en situation d'exprimer leurs capacités, leurs talents. Aider l'autre, c'est aussi l'aider à développer sa créativité, pour parvenir à trouver des solutions en commun, et se tourner vers un avenir rempli de possibilités !
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