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« Il peut y avoir de nombreux freins » : Les entreprises encore trop frileuses pour l'embauche de travailleurs handicapés
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« Il peut y avoir de nombreux freins » : Les entreprises encore trop frileuses pour l'embauche de travailleurs handicapés

Un article rédigé par Guillaume Martin-Deguéret - RCF en Berry, le 15 novembre 2022  -  Modifié le 8 janvier 2024
Emissions spéciales Reportage : Emploi et handicap, il y a encore du travail

Ce lundi, c'était le coup d'envoi de la Semaine Européenne pour l'Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH). Un sujet qui reste difficile : aujourd'hui, en France, le taux de chômage est plus important chez les handicapés que chez les valides. Reportage dans le Cher.

 

Emploi et handicap : il y a encore du travail © RCF - Guillaume Martin-Deguéret. Emploi et handicap : il y a encore du travail © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Jusqu'au 20 novembre prochain, c'est la Semaine Européenne pour l'Emploi des Personnes Handicapées ; de nombreux événements sont organisés en France, et également en Berry. L'initiative a été lancée par LADAPT en 1996, une association qui œuvre pour aider les personnes en situation de handicap à trouver du travail. À Bourges, l'association gère un ESAT (établissement et service d'aide par le travail, une structure réservée pour l'emploi des personnes handicapées).


Dans les locaux de l'ESAT, la machine à coudre résonne. Cela fait 12 ans que Laure-Anne Gracia travaille ici. Depuis toute petite, elle est gênée par une tumeur au cerveau : « J'ai des pertes d'équilibre, des tremblements qui me gênent au quotidien. Quelques petits problèmes de vue aussi... Mais ça va quand même ! ». Des difficultés qui ne l'empêchent donc pas de travailler. À l'atelier couture, elle fabrique des pochettes, des sacs, et même des décorations de Noël. Mais surtout, une semaine sur deux Laure-Anne laisse la couture de côté pour aller trier le courrier au Crédit Agricole. « Pour moi, c'est vraiment une chance énorme de pouvoir aller là-bas ! De voir ce que c'est une entreprise ordinaire. »

 

Laure-Anna Gracia travaille à l'atelier couture de l'ESAT © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Trouver du travail, c'est « perdu d'avance » ?


Une entreprise ordinaire, où la jeune femme de 32 ans n'est pas embauchée directement, mais mise à disposition par l'ESAT. Malgré ses compétences et son expérience, Laure-Anne ne s'imagine pas partir chercher du travail comme une personne valide, CV sous le bras : « C'est compliqué en ayant un handicap. C'est une chose perdue d'avance, je ne vois pas l'intérêt, pour moi, ce sera "non" tout de suite » explique-t-elle, un peu fataliste. « J'aimerais bien, mais ça dépend des entreprises... C'est pas gagné d'avance ! » Conclut-elle, en souriant.

 

De gauche à droite : Alberto Martins, Laure-Anne Gracia et Almaric Stratk-Gauthier © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Ne plus voir le handicap, mais les compétences


Les entreprises semblent encore trop frileuses pour embaucher des personnes handicapées : « Beaucoup d'entreprises préfèrent s'acquitter d'une cotisation, plutôt que de faire l'effort d'embaucher des personnes en situation de handicap » constate Alberto Martins, directeur des établissements de LADAPT du Cher. La cause ? Des préjugés et une méconnaissance des recruteurs sur le sujet : « Il peut y avoir de nombreux freins, il est important que ces freins puissent tomber. C'est justement l'objectif de cette semaine ». Quelles solutions alors ? « Sans doute, faudrait-il augmenter cette cotisation obligatoire... Mais le mieux ce serait que dans la société française, ce soit naturel d'inclure les personnes en situation de handicap. Les entreprises peuvent se faire accompagner, il y a des dispositifs qui existent. Les personnes en situation de handicap ont des compétences ! »


En France, le taux de chômage chez les personnes handicapées s'élève à 14 %. Presque le double (8 %) par rapport à l'ensemble de la population.

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© RCF en Berry
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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