Comment ne pas en être étonné ? A l’époque du smartphone et du TGV, à l’ère du transhumanisme et de l’homme augmenté, il suffit de quelques flocons de neige pour tout désorganiser. Les sujets d’économie et de géopolitique ont soudain perdu tout intérêt. Les événement culturels et les affrontements politiciens sont mis de côté. Une seule – et double – préoccupation générale : la météo et la possibilité de relier sans trop de difficulté domicile et bureau.
Et si cette désorganisation météorologique était en fait salutaire ? Elle nous rappelle que la technique ne permet pas de tout maîtriser. Elle manifeste que la volonté de dominer l’intégralité des réalités de la vie terrestre est un leurre, une illusion, un mensonge. Les aléas de la température et des précipitations révèlent à bon escient que la vie nous est donnée, qu’elle nous dépasse de part en part. C’est une bonne nouvelle.
Car face aux grands froids de ces jours-ci, surgit un surcroît de solidarité. On ouvre gymnases municipaux et salles paroissiales, on prend soin, avec une attention malheureusement inhabituelle, des personnes sans domicile ou désocialisées, en dépassant au passage les disputes franchouillardes d’une laïcité étroite ou bêtement sourcilleuse. Placé devant sa fragilité, l’homme devient meilleur, devient plus humain.
Et puis, comment ne pas être ébloui par la beauté des arbres et des toits enneigés que la lumière du matin et du soir fait scintiller ? Même ceux qui patientent ou s’impatientent dans des embouteillages ou des trains à l’arrêt se surprennent à admirer le paysage qui les entoure. L’homme rétabli dans l’humilité par la force des éléments, devient fraternel et capable de s’émerveiller.
« Bénie soit notre sœur la neige ! » nous invite à chanter saint François d’Assise dans le prolongement de son Cantique des créatures, son Laudato si’ (qui a donné son titre à l’encyclique du Pape François sur le « développement humain intégral »). Les chutes de neige constituent une épreuve mais surtout une grâce de vérité qui fait se rencontrer la bonté et la beauté.
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