Idée

Or s’il est facile de définir ce qu’est un tournevis, un marteau, en revanche définir une idée c’est pour chacun d’entre nous, d’une grande difficulté, exactement comme les mots grammaticaux : comment par exemple définir le a, au tout début de l’alphabet ? De quoi vous décourager d’écrire un dictionnaire dès le premier mot ! Eh bien on va tout de même ce matin radiographier le mot idée.

Il est issu du grec "idein" qui signifie "voir", un peu comme on dit "tu vois ce que je veux dire…". En fait le grec lui-même tire ce verbe d’une racine indo-européenne, wedi, signifiant voir et qui a donné le latin videre, voir. On est donc bien dans ce contexte. Certes, on ne voit rien par les yeux alors, mais dans sa tête. D’ailleurs on dit une "vue de l’esprit", ou "un point de vue". D’où le mot grec "idea", la forme visible.

Lorsque le mot passe en latin, il est repris dans le latin philosophique pour désigner l’espèce, la catégorie, et dans le fond c’est déjà l’idée au sens moderne. Et c’est ainsi que le mot entre dans notre langue attesté en 1119. Voici la définition donnée en 1680 dans le Dictionnaire françois et qui commence bien par  "Image  de quelque chose qui se forme dans notre esprit par l’entremise d’un objet extérieur, ou de quelque autre manière de concevoir".

A partir de cette première définition, le mot "idée" n'a cessé de s'enrichir. Par exemple Idée claire, nette, juste, mais aussi idée fausse, et idée reçue, c’est-à-dire toute faite, apparue sous la plume de Voltaire, et repris au XIXe par Flaubert qui les dénonçait dans son Dictionnaire des idées reçues.

Il y relevait déjà la formule pour "notre époque", en dire "qu’elle est en décadente", c’était en 1880. Finalement, le plus gros problème est celui dénoncé par Diderot : "Nous avons plus d’idées que de mots" s’exclamait-il ! Les dictionnaires ont de l’avenir ! Des mots, encore des mots, toujours des mots !"