Harki, une origine militaire et arabe
Le mot harki n’est ignoré de personne en France, depuis plusieurs décennies, et il est défini ainsi dans le Petit Larousse : « personne algérienne ayant servi comme supplétif dans l’armée française en Algérie, de 1954 à 1962 ». J’ai de fait recherché dans ma collection de Petit Larousse, quand le mot harki y était entré pour la première fois. Dans le millésime 1966, donc en 1965, puisque les dictionnaires millésimés sont toujours titrés de l’année suivante.
Si « harki » fait son entrée lexicographique en plein milieu de la Seconde moitié du XXe siècle, en réalité il est présent bien avant à travers le mot « harka », mot arabe du Maghreb repris à l’arabe classique « haraka », qui désignait un « mouvement ». En arabe maghrébin « harka » désigne une expédition, une opération militaire. Et ce mot-là, d’où est tiré « harki », bénéficie d’une pleine définition dans l’un de nos plus gros dictionnaires, le plus gros d’ailleurs, le Trésor de la langue française. Voici sa définition : « Dans les pays arabes et berbères du Maghreb, Troupe de milice levée par une autorité politique ou religieuse. »
Et pour citation est offert un passage des frères Tharaud, dans Le Rayon vert, en 1941 : « Le sultan rassembla ses réguliers et ses harkas pour reprendre aux infidèles cette place de Ceuta qui était la clef de son empire. » Il est alors précisé que notamment dans l’Ouest du Maghreb, le mot « harka » a désigné les insurgés rassemblés pour effectuer un coup de main. Dans les Thibault, Roger Martin du Gard évoque ainsi Hirsch qui « vendait d’anciens fusils gras aux harkas du Sud. » Et par extension, la harka - le mot est féminin - fut assimilée à la « formation de supplétifs indigènes recrutés en Afrique du Nord ».
C’est en 1954 qu’on utilisa dans l’armée française ce substantif masculin pour définir le Soldat d’Afrique du Nord qui servait dans une harka. Le synonyme administratif en fut « Français musulman ». Et dans une étude d’André Lanly, Le Français d’Afrique du nord, on peut lire alors : « L’administration française utilise toujours des harkas, troupes indigènes recrutées sur place, dont les soldats sont appelés les harkis ». On est alors en 1962. J’étais au collège… Et j’ignorais hélas tout des harkis. Que justice leur soit rendue.
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